(Hamilton) Le premier ministre Justin Trudeau et ses ministres profiteront d’une retraite de trois jours du Cabinet fédéral à Hamilton afin d’ajouter l’ossature nécessaire pour conclure une entente de plusieurs années avec les provinces sur les transferts en santé.

Une hausse de plusieurs milliards de dollars des transferts en santé pourrait être annoncée dès le prochain budget fédéral si Ottawa et les provinces arrivent à s’entendre.

Au premier jour de la rencontre du Cabinet, le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, qui participe aux pourparlers avec les provinces, a dit avoir bon espoir qu’une entente sera conclue sous peu.

« Il n’y a pas de doute que les discussions avec les provinces avancent bien. Je suis beaucoup plus optimiste cette semaine que je ne l’étais en décembre ou en juillet. Il reste encore du travail à faire. Mais je constate une volonté importante de la part de toutes les provinces, y compris de la part du gouvernement du Québec, de trouver la meilleure façon d’arriver à la meilleure entente », a-t-il affirmé dans un entretien avec La Presse.

À l’instar du premier ministre, M. LeBlanc n’a toutefois pas voulu s’avancer sur la hausse qu’Ottawa envisage d’inclure dans une éventuelle entente avec les provinces. Celles-ci réclament une hausse substantielle de 28 milliards de dollars par année.

« Je m’attends à ce que le travail que l’on va faire cette semaine au Conseil des ministres renforce ce que nous allons proposer aux provinces en termes de détails », a dit M. LeBlanc, qui doit s’entretenir à ce sujet mercredi avec la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, qui préside le Conseil de la fédération.

« Si on veut que ce soit dans le budget, il faut que l’on arrive à une entente d’ici un mois et demi. J’ai confiance que ce sera le cas en me fiant aux conversations que le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a eues, que le premier ministre a eues et que moi-même j’ai eues avec plusieurs premiers ministres », a dit M. LeBlanc.

Une entente compromise ?

Par ailleurs, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, s’est dit convaincu que les propos du premier ministre Justin Trudeau au sujet d’un potentiel renvoi devant la Cour suprême du Canada sur l’utilisation préventive de la disposition de dérogation ne vont pas faire dérailler une entente sur la santé.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a dénoncé les propos de son homologue fédéral, estimant qu’il s’agissait d’une « attaque frontale » contre le Québec. M. Rodriguez a rejeté cette accusation.

« Absolument pas. Il n’y a rien de nouveau dans ce qui a été dit. Il y a des questions qui se posent par rapport à l’utilisation préventive de la clause nonobstant. Ce n’est pas une question Canada/Québec. C’est une question nationale. On l’a vu en Ontario. Il y a des discussions en Alberta et peut-être dans d’autres provinces aussi. Alors c’est normal que l’on se pose des questions là-dessus », a-t-il déclaré.

Le ministre de la Justice, David Lametti, a confirmé qu’un renvoi faisait partie des options qui s’offrent au gouvernement fédéral. Mais il a laissé entendre qu’il pourrait attendre une décision de la Cour d’appel portant sur la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée par le gouvernement Legault et qui inclut la disposition de dérogation, avant de prendre sa décision.