S’il était porté au pouvoir, le Parti conservateur du Canada de Pierre Poilievre favoriserait la construction de nouveaux barrages hydroélectriques au Québec et l’extraction de minéraux critiques pour encourager la transition énergétique.

C’est ce qu’a affirmé le chef conservateur, lundi après-midi, dans le cadre d’un point de presse tenu dans un complexe de la rue Metcalfe, au centre-ville de Montréal, à l’occasion d’une mini-tournée québécoise.

Au même moment, le premier ministre du Québec François Legault débutait ses rencontres avec les représentants des quatre partis d’opposition pour discuter des « défis de l’électrification du Québec », dans la foulée de l’annonce de la démission inattendue de la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu.

L’automne dernier, un différend très public entre Mme Brochu et le ministre caquiste Pierre Fitzgibbon avait mis en lumière les questions de l’avenir énergétique de la société d’État. Plus largement, c’est la production d’hydroélectricité et du développement industriel du Québec dont il est question.

Pour Pierre Poilievre, « il faut rendre l’approbation de ces projets plus facile et plus rapide pour produire des batteries et pour fournir de l’hydroélectricité en quantité suffisante pour alimenter les véhicules électriques au moment où ils seront la norme sur nos routes », a-t-il tranché lundi.

« J’ai rencontré un homme d’affaires qui m’a dit avoir besoin de 300 permis pour ouvrir une mine de lithium ici, au Canada : s’il faut de 10 à 30 ans pour ouvrir une telle mine ici, mais seulement deux ou trois ans ailleurs, on va dépendre d’autres pays pour répondre à nos besoins en minéraux », a illustré Pierre Poilievre en conférence de presse.

Un gouvernement fédéral conservateur réduirait la bureaucratie et la « paperasserie » imposée aux entreprises afin de les rendre plus productives, a assuré M. Poilievre.

Questionné à savoir si en diminuant la bureaucratie, il entendait diminuer les exigences concernant les études environnementales de certains projets, le chef conservateur a dit vouloir imiter d’autres pays respectueux de l’environnement, mais plus rapides, qu’il n’a toutefois pas nommés.

« On peut protéger l’environnement tout en prenant des décisions plus rapidement, a-t-il fait valoir. On peut protéger l’environnement sans prendre 25 ans pour faire des études. Qu’est-ce qu’on apprend de plus, en 25 ans d’études, qu’on ne sait pas après les deux ou trois premières années du processus ? »

Courtiser le Québec

Le Québec est la province où le PCC est le moins populaire. En effet, selon un sondage Léger datant de décembre dernier, seulement 19  % des Québécois ont l’intention de voter pour lui lors d’une future élection. Par comparaison, ailleurs au pays, ce taux passe de 30  % dans les provinces de l’Atlantique à 47  % au Manitoba et en Saskatchewan, avec une moyenne de 26  % des intentions de vote.

M. Poilievre a profité de son allocution pour rappeler trois promesses que son parti s’engage à respecter s’il est porté au pouvoir.

Il propose d’abord une « loi du 1 $ pour 1 $ », où toute dépense gouvernementale doit être suivie d’une économie dans l’appareil étatique. « Les Canadiens sont en train de souffrir, nous sommes face à un taux d’inflation parmi les plus élevés des 40 dernières années », a-t-il souligné.

Le chef conservateur a par ailleurs promis de « rendre le travail payant » plutôt que de le punir, notamment en allégeant la fiscalité et les différents programmes gouvernementaux. « Il faut arrêter de punir le travail des Québécois et des Québécoises comme le fait le gouvernement Trudeau en augmentant les impôts, a martelé M. Poilievre. Il faut plutôt le récompenser. »

Enfin, un gouvernement conservateur fédéral reconnaîtrait les compétences des travailleurs étrangers en santé dans un délai de 60 jours, et ce, afin de désengorger le système de santé, a promis M. Poilievre.

« Seulement 43  % des médecins immigrants et 37  % des infirmières immigrantes ont le droit de pratiquer leur métier, a déploré M. Poilievre. Pour ces candidats, les coûts de formation n’entrent même pas dans l’équation. Il suffirait d’attester de leurs compétences sur la foi de ce qu’ils sont en mesure d’accomplir, le tout dans 60 jours, plutôt que de se fier sur leur pays d’origine. »

Il souhaiterait du même souffle que le programme de reconnaissance des acquis soit accessible aux candidats avant même leur arrivée au Canada, question de raccourcir le processus le plus possible. Son gouvernement s’engagerait par ailleurs à soutenir 34 000 prêts pour tout autant d’immigrants établis au pays afin qu’ils puissent reprendre les études pour se mettre aux normes canadiennes.

En plus d’embaucher davantage de médecins et d’infirmières, le chef conservateur propose aussi, pour soulager le système de santé, de réduire les listes d’attente et d’accélérer l’approbation canadienne de traitements d’avant-garde éprouvés dans d’autres pays industrialisés.

Après Montréal, M. Poilievre se rendra à Trois-Rivières et à Québec.

Avec Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne

Pierre Poilievre dément avoir approché la CAQ

Pierre Poilievre a nié pendant la conférence de presse avoir rencontré le ministre des Finances Éric Girard ou encore la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault.

Cette information avait été rapportée par la chroniqueuse politique du Toronto Star Chantal Hébert, qui s’était aussi entretenu de la question à l’émission Tout un matin de Radio-Canada.

Selon ses sources, le Parti conservateur du Canada (PCC) souhaite dénicher au Québec un candidat qui lui permettrait de se rapprocher et de susciter l’intérêt des électeurs de la province.