(Ottawa) Le Bureau du vérificateur général (BVG) du Canada examine toujours s’il est de son mandat d’enquêter sur la gestion de la Fondation Pierre Elliott Trudeau concernant les deux dons ayant possiblement eu des liens avec le gouvernement chinois.

Le président intérimaire du conseil d’administration de la fondation a écrit au BVG la semaine dernière, affirmant que l’organisation accueillerait favorablement une enquête de la vérificatrice générale Karen Hogan sur les dons faits en 2016 et 2017 qui totalisent 140 000 $.

La fondation soutient qu’elle est un organisme de bienfaisance indépendant et sans affiliation politique.

La semaine dernière, les membres de son conseil d’administration et sa PDG, Pascale Fournier, ont démissionné en bloc en raison de ce qui a été décrit comme la politisation d’un don du milliardaire chinois Zhang Bin et d’un autre homme d’affaires chinois, Niu Gensheng.

« Dans ces circonstances, la fondation souhaiterait que le vérificateur général du Canada mène une enquête sur tous les aspects concernant la réception et le traitement de ces dons par la fondation », a soutenu le président intérimaire du conseil d’administration de la fondation, Edward Johnson, dans une lettre datée de vendredi dernier.

« Dans tous les cas, un examen indépendant des dons reçus par la fondation sera confié à un cabinet d’avocats et à un cabinet d’experts-comptables indépendants », a-t-il ajouté.

Un porte-parole de la fondation a mentionné que l’organisation croit être soumise à des audits de la vérificatrice générale, mais le bureau de Mme Hogan a indiqué que l’évaluation se poursuivait à ce sujet.

« Nous sommes encore en train d’évaluer le mandat du Bureau du vérificateur général du Canada dans cette affaire », a précisé un porte-parole.

Interrogé sur le fait de savoir si le bureau de la VG est habilité à enquêter sur des dons privés, le porte-parole a ajouté : « Cela fait partie de l’évaluation ».

Le Bloc québécois a aussi demandé à la vérificatrice générale du Canada d’enquêter de façon diligente sur les récentes révélations qui concernent la Fondation Pierre Elliott Trudeau.

Selon le site web du bureau de la VG, celle-ci enquête sur les activités des ministères et agences du gouvernement fédéral, des sociétés d’État et des trois gouvernements territoriaux du pays et de leurs agences.

On peut y lire également ce qui est en dehors de son rôle ou son mandat. Cela comprend les demandes de révision de décisions politiques ou d’intervention dans des désaccords entre des particuliers et des gouvernements, des banques ou des entreprises.

La question plus large de l’ingérence

Lorsqu’il a été interrogé sur ces dons controversés, le premier ministre Justin Trudeau a martelé qu’il n’est plus impliqué depuis près de dix ans dans les activités de la fondation.

Des députés conservateurs ont toutefois soutenu que certaines personnes auraient pu vouloir s’attirer les faveurs du premier ministre en faisant des dons à la fondation qui porte le nom de son père. Ces accusations ont conduit des députés libéraux, actuels et anciens, à accuser le chef conservateur, Pierre Poilievre, de lancer des attaques partisanes.

M. Poilievre a demandé au commissaire de l’Agence du revenu du Canada de lancer un audit sur la fondation, citant un article de La Presse selon lequel en essayant de restituer le don qui pose désormais problème, l’organisation a découvert que le nom figurant sur le chèque ne correspondait pas au nom du donateur.

Dans une lettre envoyée vendredi dernier, M. Poilievre a soutenu que de telles révélations soulevaient des inquiétudes quant aux tentatives d’ingérence étrangère et suggéraient que la fondation « ne s’acquittait pas de ses responsabilités légales et fiduciaires, comme l’exige la Loi de l’impôt sur le revenu ».

Les allégations de tentatives d’ingérence étrangère soutenues par la Chine lors des deux dernières campagnes électorales fédérales suivent M. Trudeau depuis des semaines.

Il a assuré aux partis d’opposition que l’ancien gouverneur général David Johnston, qu’il a nommé rapporteur spécial sur la question, recommandera à la fin du mois de mai s’il convient ou non d’ouvrir une enquête publique sur le sujet.

Mais M. Poilievre a rejeté la nomination même de M. Johnston, citant l’implication de l’ancien dignitaire dans la fondation.

Tout comme le Bloc québécois et le NPD, les conservateurs demandent aussi à M. Trudeau d’ouvrir une enquête publique dès maintenant, sans attendre la recommandation de M. Johnston.