(Ottawa) Un homme d’affaires dont les dons à la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau ont conduit à la démission de sa PDG et du conseil d’administration est le président de l’Association chinoise de l’industrie culturelle, qui affirme mener ses activités sous l’autorité du gouvernement communiste.

Le Bloc québécois, de son côté, demande à la vérificatrice générale du Canada d’enquêter de façon diligente sur les récentes révélations qui concernent la Fondation Pierre-Elliott Trudeau.

Le site web de l’Association chinoise de l’industrie culturelle indique qu’elle adhère à la « direction totale » du Parti communiste chinois et qu’elle a été créée avec l’approbation du Conseil d’État de la Chine – synonyme de gouvernement central.

L’association indique sur son site, en chinois, que son président est Zhang Bin, un milliardaire chinois qui, selon le Globe and Mail, a fait un don de 200 000 $ à la fondation Trudeau en 2016, avec un autre homme d’affaires chinois.

Mais le quotidien a rapporté qu’un reçu désignait une société appelée « Millennium Golden Eagle International (Canada) » comme étant le donateur.

L’Association chinoise de l’industrie culturelle affirme que Millennium Golden Eagle International est l’un des membres de son conseil d’administration et qu’elle a été créée avec l’approbation du ministère chinois de la Culture.

Dans de nombreux registres d’entreprises chinoises privées, M. Zhang figure en tant que président de Millennium Golden Eagle International.

Le Globe and Mail avait rapporté en février, en citant une source anonyme, que le gouvernement chinois avait orchestré des dons à l’Université de Montréal et à la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau dans l’espoir d’influencer le premier ministre canadien Justin Trudeau.

L’université a déclaré dans un communiqué jeudi qu’elle envisageait toutes les options à la lumière de nouvelles informations concernant un don de 750 000 $ reçu en 2016 qui aurait eu des liens avec Pékin.

La Fondation Trudeau, pour sa part, avait promis de restituer le don de 200 000 $ provenant de M. Zhang et de Niu Gensheng.

Lors d’une conférence de presse à Regina jeudi, Justin Trudeau a répété qu’il n’avait plus de liens depuis une dizaine d’années avec l’organisme sans but lucratif qui porte le nom de son père.

Mardi dernier, les membres du conseil d’administration et la PDG de la fondation, Pascale Fournier, ont démissionné, déclarant que la politisation de l’organisation caritative rendait « impossible la poursuite du statu quo ».

Selon le Globe and Mail, la Fondation Trudeau procède actuellement à un examen indépendant de sa décision initiale d’accepter le don.

La Presse a rapporté mercredi que la fondation n’avait pas été en mesure de restituer l’argent reçu de Millennium Golden Eagle, un don qui s’élevait en fin de compte à 140 000 $.

L’Association chinoise de l’industrie culturelle a déclaré en 2016 sur son compte de média social WeChat qu’elle avait mis en place un « Fonds d’éducation Trudeau » à l’Université de Montréal.

Demande d’enquête

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a écrit à la Vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, pour lui rappeler que non seulement le remboursement n’avait pas été fait, mais que le signataire du chèque original ne serait pas le vrai donateur.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Yves-François Blanchet estime que les révélations sur la Fondation Trudeau sont extrêmement préoccupantes.

M. Blanchet estime que ces révélations sont extrêmement préoccupantes. À son avis, les allégations d’ingérences étrangères soulèvent des craintes et affectent la confiance de la population envers les institutions canadiennes.

Le premier ministre Trudeau a récemment nommé l’ancien gouverneur général David Johnston au poste de « rapporteur spécial » pour enquêter sur l’ingérence étrangère.

Les démissions massives à la fondation donnent une raison supplémentaire au premier ministre pour qu’il révoque le mandat accordé à David Johnston, selon Yves-François Blanchet.

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a rappelé cette semaine que M. Johnston a été membre de la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau. Il a publié sur son compte Twitter, mercredi, copie d’une lettre qu’il aurait transmise à M. Johnston.

Sa missive cinglante et laconique se lisait comme suit : « Cher Rapporteur, expliquez ceci : comment allez-vous enquêter sur le don de Pékin à la Fondation Trudeau alors que vous faisiez partie de la Fondation Trudeau ? J’attends votre réponse ».