« Ce que j’aime le plus ici ? Faire mes affaires et des fois, aller veiller avec mes chums Félix et David », lance Alexis Pronovost.

En vidant ses sacs d’épicerie – macaroni au fromage, pizza, concombres, clémentines, lait –, il raconte ses premiers pas dans le projet. Les apprentissages ont été importants, concède-t-il. Faire la cuisine, prendre le bus, gérer un budget… « Tout ça, c’était nouveau ! », dit-il.

Simon Ricard-Vallée, 38 ans, occupe un emploi de plongeur dans un restaurant et est passionné de kayak de vitesse. Ses nombreuses médailles sont suspendues à une pagaie, sur le mur de son salon. Il a vécu cinq ans en famille d’accueil : jamais il ne retournerait en arrière, dit-il. « Enfin, je peux me faire ce que je veux à manger ! »

« Merci la vie. Ou Dieu. Ou peu importe », renchérit David Savard-Gélinas, 44 ans, qui a vécu toute sa vie chez sa mère avant d’avoir une place dans l’immeuble. En plus d’avoir une déficience intellectuelle, David se déplace en fauteuil roulant. Il a eu très peur que son handicap physique lui ferme les portes de l’organisme.

Quand j’ai su que j’avais été choisi, j’ai pleuré de joie.

David Savard-Gélinas, 44 ans

Les logements sont beaux et lumineux. Les locataires paient 25 % de leur revenu. Il y a une grande salle commune avec une cuisine, où ils peuvent se rassembler pour fêter des anniversaires, accueillir la nouvelle année ou regarder un match de hockey. Il y a une cour avec des modules d’exercice pour les sportifs et des bacs de jardinage, qui est d’ailleurs ouverte au voisinage. L’idée, résume Michèle Lafontaine, est de faire partie de la communauté.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les logements sont beaux et lumineux.

Six personnes travaillent à l’organisme. Les services sont financés par les budgets du CISSS local, qui assure également le suivi individuel des locataires. Le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, a été conquis par le projet, à tel point qu’il est allé souper avec les locataires en juin dernier. Et puis, un récent don d’un demi-million de dollars de la Fondation Mirella et Lino Saputo a permis d’équilibrer définitivement le budget.

PHOTO FOURNIE PAR J’AI MON APPART

Le ministre Lionel Carmant est allé souper avec les locataires de J’ai mon appart en juin dernier. Il est entouré de Félix Lapointe, d’Alexis Pronovost et de la députée caquiste de Laviolette–Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif.

Dans le concret, une présence est assurée quasiment 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, notamment grâce à la présence d’une locataire-ressource, qui est de faction la nuit. Suzelle Labranche habite la résidence et est de garde la nuit. À 70 ans, elle est, résume-t-elle, l’équivalent d’une « grand-maman » qui est sur place s’il survient un problème ou un conflit entre deux locataires. « Je me suis très bien adaptée à tout ce beau monde-là ! »

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Suzelle Labranche est la « locataire-ressource » de l’organisme. Elle habite l’immeuble et est de garde la nuit, afin de gérer les urgences ou les questions des locataires.

Pour les familles des locataires, J’ai mon appart est synonyme de paix d’esprit. Pour la première fois depuis très longtemps, Michèle Lafontaine et son conjoint ont pu partir quelques jours en vacances. Nathalie Deschênes n’était jamais partie en voyage : elle a visité la Tunisie pendant trois semaines à l’automne.

« Ça fait 40 ans que je m’inquiète pour lui, résume Rita Savard, la mère de David. Que je me demande : “Si je pars, qui va en prendre charge ?“ Il me disait souvent : “Maman, surtout, meurs pas !” C’est un gros poids qui s’est enlevé de mes épaules. »