Mitchaino Bruno et Yadley Deutz-St-Jean, les deux derniers individus jugés pour le braquage à domicile survenu chez l’ex-enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Pietro Poletti en juin 2020, ont été respectivement condamnés à neuf ans et à huit ans de pénitencier, vendredi matin.

Le 12 juin 2020, Bruno, Deutz-St-Jean et un troisième individu, Sandel Pierre, ont fait irruption chez l’ancien enquêteur spécialiste du crime organisé, alors que ce dernier regardait tranquillement la télévision dans son salon.

Pendant qu’un quatrième complice attendait dans une voiture, ils ont battu l’ex-policier à coups de brique et de balai à neige, en plus de molester sa mère âgée de 82 ans.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

M. Poletti a été battu dans l’entrée de sa maison du secteur LaSalle à Montréal.

« C’est lui, tue-le », aurait dit l’un des suspects, avant que le groupe prenne la fuite à pied et monte à bord du véhicule conduit par le quatrième complice.

Bruno et Deutz-St-Jean ont été reconnus coupables d’introduction avec effraction, de voies de fait graves, armées et avec lésions et de menaces de mort en décembre 2022.

M. Poletti a témoigné durant les procédures de ses blessures physiques et psychologiques. Le mobile de cette attaque n’a jamais été établi, même si certaines hypothèses ont été étudiées par les enquêteurs de la région ouest du SPVM.

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M. Poletti a notamment été coupé près de l’œil gauche durant l’attaque.

La poursuite, représentée par MPhilippe Vallières-Roland et MGeneviève Bélanger, demandait 10 ans d’emprisonnement pour les deux inculpés, alors que MNoémie Tellier réclamait six ou sept ans pour son client, Mitchaino Bruno, et MAlexie Galarneau, cinq ans pour Yadley Deutz-St-Jean.

Dangerosité élevée

« Le fait qu’il puisse s’agir d’un travail d’amateurs ou de professionnels, si de telles choses existent, la violence telle que déployée dans le présent cas est dangereuse pour les victimes et la sécurité du public. Les préjudices psychologiques pour les victimes sont aggravés par le fait qu’elles se font attaquer dans leur domicile. Ce type de crime doit être vivement dénoncé », écrit notamment le juge Alexandre Dalmau, de la Cour du Québec, dans sa décision rendue vendredi matin.

« Qu’ils agissent de leur propre initiative ou à la suite d’une commande reçue d’un tiers, leur comportement révèle minimalement une insouciance grave et une témérité certaine. Ces constats démontrent un niveau de dangerosité élevé », ajoute le magistrat.

Celui-ci note l’absence de circonstances atténuantes pour Bruno et Deutz-St-Jean, sauf leur jeune âge, 27 et 26 ans.

Il souligne leurs antécédents judiciaires et leurs nombreux manquements disciplinaires en prison.

« Aucune preuve n’est présentée permettant de voir une amorce de réhabilitation », écrit encore le juge Dalmau.

Deux peines en même temps

En soustrayant la période passée en détention préventive, qui est calculée en temps et demi, il reste à Deutz-St-Jean cinq ans et cinq mois à purger.

Dans le cas de Bruno, il purge actuellement une peine de 96 mois pour une autre affaire – avoir déchargé une arme à feu et voies de fait graves – et pour laquelle il lui reste 62 mois à purger.

La nouvelle peine imposée par le juge Dalmau sera concurrente à la peine en cours et le magistrat s’en remet aux commissaires des libérations conditionnelles pour évaluer à quel moment Bruno sera admissible à toute forme de libération.

À la défense des « fourchettes » de peines

Le troisième suspect qui avait fait irruption chez Pietro Poletti, Sandel Pierre, a déjà été condamné à quatre ans par une autre juge en janvier dernier.

Lorsqu’elle a rendu sa décision, la juge s’en est prise aux « fourchettes de peine », c’est-à-dire le spectre à l’intérieur duquel une peine sera considérée comme appropriée selon la jurisprudence et les faits, ce qu’on appelle également le principe de l’harmonisation des peines.

Au contraire, dans le jugement qu’il a rendu vendredi, le juge Dalmau souligne l’importance de l’harmonisation des peines.

Le dossier de Sandel Pierre a été porté en appel par la poursuite.

Le quatrième suspect dans cette affaire, Louis-Simon Jacques, qui conduisait le véhicule utilisé par les agresseurs, a été condamné à 32 mois d’emprisonnement en mars 2021.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.