Le promoteur immobilier Tinel Timu a été tué par balle jeudi matin à Laval. Comme l’affaire pourrait être liée au crime organisé, la Sûreté du Québec se chargera de l’enquête.

« Un peu après 7 h, un appel a été fait au 911 pour des coups de feu entendus. Lorsque les policiers sont arrivés sur place, ils ont trouvé la victime étendue au sol à l’extérieur, atteinte par balle. Les policiers ont débuté des manœuvres de réanimation. La victime a été transportée à l’hôpital, où l’on vient de constater son décès », explique Stéphanie Beshara, de la police de Laval.

Le meurtre est survenu devant une résidence de la rue du Havre, dans le secteur Chomedey, à quelques pas de la propriété d’une compagnie enregistrée au nom de sa femme.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La scène du meurtre, rue du Havre à Laval

Arrêté pour corruption

En septembre dernier, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait arrêté l’homme d’affaires de 61 ans et une de ses employées. Ils étaient accusés d’avoir « tenté de corrompre des employés de l’administration municipale montréalaise afin d’obtenir des avantages indus ».

Au cours de la même opération, la police avait aussi arrêté le chef de la Division des permis et inspections de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Sadek Lazzouzi, pour être intervenu en sa faveur. Il fait face à des accusations d’abus de confiance par un fonctionnaire public, selon le communiqué de l’UPAC, qui mentionnait « un dossier de non-conformité aux règlements municipaux ».

Selon des documents judiciaires, Tinel Timu contrôlait plusieurs entreprises actives dans l’immobilier. En cour en 2019, il s’est déclaré propriétaire de 700 logements résidentiels dans la région montréalaise.

En 2014, il s’est vu expulsé d’une séance du conseil municipal de Terrebonne après une véhémente intervention en faveur d’un de ses projets, dans une ancienne usine désaffectée en briques rouges.

En août 2021, l’immeuble en question, l’ancienne usine Moody, était la proie d’un violent incendie, un mois après avoir été revendu à d’autres promoteurs.

En 2016, un lieutenant de la mafia montréalaise, Lorenzo Giordano, a été tué par balles à bout portant dans le stationnement du Carrefour Multisports de Laval, qui appartient à une entreprise présidée par la femme de Tinel Timu et détenue par une fiducie.

De nombreux problèmes en cour

Ces dernières années, Tinel Timu a fait face à de nombreuses poursuites civiles. Selon des documents de cour, il utilisait des prête-noms pour réaliser des transactions immobilières et a recouru à de faux documents.

En 2021, l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec a condamné la courtière Irina Dondikova à 3000 $ d’amende et 180 jours de suspension pour avoir notamment fait de « fausses déclarations » dans le cadre d’une transaction avec une entreprise de Tinel Timu et sa femme. Selon la décision, ils s’étaient organisés pour faire notarier un achat à un prix plus bas que celui d’abord convenu avec le vendeur.

Le chien de garde des courtiers a également ordonné à Irina Dondikova de cesser de faire affaire avec le promoteur.

L’homme d’affaires faisait partie d’un groupe de dix citoyens qui ont reçu une médaille de l’Assemblée nationale des mains de l’ancienne députée de Fabre à Laval, Monique Sauvé, en 2018.

« Grands leaders d’exception auprès des citoyens de mon comté, vous êtes tous leaders d’émotion et de cœur, avait alors déclaré l’ex-élue libérale, selon la publication locale Néomédia. Ce fut pour moi un immense privilège de reconnaître votre immense contribution. »

Une version précédente de ce texte mentionnait qu’une entreprise au nom de la femme de Tinel Timu détenait le Complexe Multisports. Il s’agit plutôt du Carrefour Multisports. Nos excuses.