Six mois avant d’être tué par balle, Frantz Louis a participé à une rencontre au sommet entre des acteurs importants du crime organisé montréalais, en plein jour, dans un parc d’un paisible quartier résidentiel de Laval.

C’est ce qu’un spécialiste du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a raconté mercredi au procès devant jury d’Emanuell Roberts Hunte et d’Andrew Thomas Labrèche, qui s’est ouvert il y a deux semaines, pour le meurtre au premier degré de Louis, 49 ans, commis le 19 novembre 2020 dans le quartier Villeray, à Montréal.

Frantz Louis a été décrit par le sergent-détective Francis Derome comme un individu « connu de la police depuis plusieurs années et faisant partie de l’actualité quotidienne du crime organisé » dans la grande région de Montréal.

L’enquêteur a notamment raconté que le 6 mai 2020 – alors que la pandémie de COVID-19 était à son paroxysme –, au beau milieu de la journée, Louis s’est présenté dans le parc des Coccinelles, boulevard Chomedey, à l’angle du boulevard Perron, à Laval, en compagnie d’Atna Onha, surnommé 2-Pac.

Dans le petit parc enclavé dans un quartier résidentiel tranquille, où l’on retrouve des structures pour enfants, des jeux d’eau et un terrain de basketball, les deux hommes ont rencontré trois autres individus : Gilles Lambert et François Vachon, membres des Hells Angels, et Joseph Chamai, que le témoin a décrit comme étant lié au crime organisé libanais.

« Cette rencontre a inquiété les policiers de la filature, car en plus des cinq hommes présents, il y avait au moins sept ou huit individus qui se promenaient autour du parc et qui montaient la garde. Par leur comportement, ils semblaient armés. Lorsqu’il y a des rencontres de membres des Hells Angels, il y a presque toujours des gardes. Ça nous inquiétait, en plein jour, dans un secteur résidentiel », a décrit Francis Derome.

« Ce sont des gens du plus haut niveau du crime organisé. Onha est l’un des acteurs les plus importants du crime organisé actuellement. Il a rencontré Frantz Louis à quelques reprises durant l’enquête Abus », dans laquelle Louis était visé, a ajouté le sergent-détective.

Un nom entendu régulièrement

Au moment où il a été tué en novembre 2020, Louis était en effet accusé, avec trois complices, dans une affaire d’extorsion.

« Il faisait partie d’une organisation qui prêtait à des gens en difficulté et qui essayait, par la menace, de maintenir les paiements le plus longtemps possible à des taux d’intérêt criminels », a résumé le témoin.

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

Frantz Louis, à la suite de son arrestation pour extorsion

Louis avait également des antécédents de menaces qui dataient de 1991, et avait fait l’objet de cinq dossiers en matière de violences, d’arme à feu et de trafic de stupéfiants ouverts entre 1992 et 2007.

« Frantz Louis faisait partie des noms que j’ai entendus régulièrement durant des années. Je l’ai vu grandir au sein du crime organisé », a dit Francis Derome.

Le procès, présidé par le juge Alexandre Boucher, de la Cour supérieure, se poursuit ce jeudi.

La poursuite est représentée par MClaude Berlinguette-Auger et MPhilippe Vallières-Roland, alors que la défense est assurée par MMorgane Laloum, MMatthew Shadley, MMathieu Rondeau-Poissant et MPhilippe Knerr.

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