Quatre mois après s’être vu refuser une libération conditionnelle en raison de son « attitude arrogante », l’ex-chef du Parti québécois André Boisclair pourra finalement sortir de prison.

C’est ce qu’a conclu la Commission des libérations conditionnelles du Québec dans une décision rendue lundi.

« La Commission estime qu’une libération à ce stade de votre peine, avec les suivis, les conditions et la surveillance, demeure, à terme, une mesure adéquate pour assurer la protection du public, tout en favorisant une réinsertion sociale », peut-on y lire.

Condamné à deux ans moins un jour de prison en juillet dernier, André Boisclair était déjà admissible à une sortie préparatoire à la libération conditionnelle, puisqu’il avait purgé le sixième de sa peine.

L’ancien politicien s’était toutefois vu refuser une première demande en ce sens, le 14 novembre dernier. Son refus de participer à une thérapie spécialisée en délinquance sexuelle pendant sa détention avait notamment plombé sa demande de libération.

Appréciation du risque

Or, si ce critère est toujours retenu contre lui, tout comme la gravité des gestes ayant mené à son incarcération, la Commission en vient maintenant à la conclusion que « des changements » dans la situation d’André Boisclair « font en sorte que son appréciation du risque s’est modulée ».

« En effet, de nouveaux rapports ont été acheminés à votre dossier par votre psychiatre et votre sexologue, il y a quelques jours. La Commission en retient que malgré les difficultés techniques rencontrées, vous avez été en mesure de reprendre avec ces professionnels vos suivis thérapeutiques à partir de la détention, suite à cette décision de refus [du 14 novembre dernier] », ajoute-t-elle.

Qui plus est, le dossier de l’ancien chef péquiste est maintenant appuyé de lettres de son frère, d’une amie et d’un participant à son groupe de soutien, qui relèvent les changements observés dans son comportement et « quels seront les moyens pris pour [le] soutenir et [l’]encadrer ».

Détails sordides

Rappelons qu’en janvier 2014, le politicien déchu avait ordonné à deux autres personnes de saisir un jeune homme et de le pénétrer. Pendant l’agression, André Boisclair tenait la victime par le torse. Les détails du crime sont sordides.

Puis, en 2015, André Boisclair a agressé sexuellement un jeune homme dont il avait fait la connaissance sur un site de rencontres. À plusieurs reprises, sa victime lui a demandé de cesser ses gestes. Ce n’est qu’au troisième « Arrête » que l’agresseur a finalement obtempéré. « Je suis marqué à vie. […] Ce n’est pas normal. Je ne méritais pas ça. Personne ne mérite ça », avait confié la victime devant la cour.

À noter, André Boisclair devra se conformer à une longue liste de conditions jusqu’à la fin de sa peine, dont ne pas consommer d’alcool, se présenter à un poste de police toutes les quatre semaines et éviter tout contact avec ses victimes.

Louis-Samuel Perron, La Presse