Attitude arrogante, traits narcissiques, refus de participer à une thérapie : André Boisclair est une personne qui dérange derrière les barreaux. L’ex-chef du Parti québécois, qui a agressé sexuellement un homme en plus de diriger le viol collectif d’une autre victime, a échoué à obtenir sa libération conditionnelle.

« La Commission considère que le risque de récidive que vous présentez est inacceptable actuellement, et que le cheminement doit se poursuivre dans le contexte sécuritaire de l’incarcération », conclut la Commission des libérations conditionnelles du Québec dans un rapport rendu public mardi après-midi.

Condamné à deux ans de prison moins un jour, en juillet dernier, André Boisclair était déjà admissible à une sortie préparatoire à la libération conditionnelle, puisqu’il avait purgé le sixième de sa peine. Son refus de participer à une thérapie spécialisée en délinquance sexuelle pendant sa détention a toutefois plombé sa demande de libération.

Pour expliquer ce refus, l’avocat d’André Boisclair a fait valoir pendant l’audience que sa participation aurait fait « imploser » le groupe en raison de son « niveau intellectuel » et de sa façon « sophistiquée » de s’exprimer. André Boisclair affirme avoir plutôt tenté d’obtenir un traitement « sur mesure », comme il craignait les fuites médiatiques d’une thérapie de groupe. Il dévoile également avoir été frappé par un détenu.

Crimes « violents et hautement abusifs »

La Commission rappelle cependant que les crimes commis par André Boisclair étaient « violents et hautement abusifs ». En janvier 2014, le politicien déchu avait ordonné à deux autres personnes de saisir un jeune homme et de le pénétrer. Pendant l’agression, André Boisclair tenait la victime par le torse. Les détails du crime sont sordides.

Puis, en 2015, André Boisclair a agressé sexuellement un jeune homme rencontré sur un site de rencontres. À plusieurs reprises, sa victime lui a demandé de cesser ses gestes. Ce n’est qu’au troisième « Arrête » que l’agresseur a finalement obtempéré. « Je suis marqué à vie. […] Ce n’est pas normal. Je ne méritais pas ça. Personne ne mérite ça », avait confié la victime devant la cour.

S’il admet avoir ordonné à d’autres de sodomiser la victime, l’ex-politicien maintient n’avoir aucune déviance sexuelle. Il jette ainsi le blâme sur sa dépendance à la drogue et à l’alcool, ce qui a « aveuglé » sa conscience.

« Vous dites que si vous avez frappé la victime avec une ceinture, ce n’était pas pour laisser des marques à la victime. Selon vous, c’était un jeu de rôle », relate la décision.

Pendant sa détention, André Boisclair a fait preuve « d’attitude arrogante » à l’endroit des agents correctionnels, selon son dossier carcéral. Deux notes d’octobre 2022 indiquent même qu’il a été « à la limite de l’émission d’un rapport disciplinaire », rapporte la Commission. Un constat nié par le délinquant, qui accuse certains agents correctionnels d’avoir été « inappropriés » envers lui.

Son agent évaluateur ajoute qu’André Boisclair présente des « traits impulsifs », en plus d’avoir tendance à être « centré sur [lui]-même ». « Il peut être parfois difficile d’échanger avec vous à cause de vos modes de défense et également en lien avec certaines composantes narcissiques », indique le rapport.

Du « travail à faire »

Par ailleurs, André Boisclair a réagi « négativement » lors de la présentation de son plan d’intervention correctionnel. L’ex-politicien s’est montré « très critique » par rapport au niveau de risque évalué « dans la moyenne », alors que son sexologue (dont le nom est caviardé dans la décision) évalue son risque de récidive à « faible ».

« L’agent évaluateur mentionne avoir eu le sentiment que vous avez tenté de le faire sentir mal avec les conclusions de son évaluation », soutient le rapport.

André Boisclair convient avoir encore du « travail à faire » avec son sexologue et reconnaît l’inadéquation de ses gestes. Il reconnaît que les conséquences de ses crimes sont « très graves » pour les victimes.

« Malgré les recommandations favorables dont elle tient compte dans sa décision et une réflexion correctement amorcée selon vos propos en audience, la Commission estime que le travail personnel à réaliser demeure important afin de rendre le risque acceptable en collectivité », conclut la Commission.