Une trentaine de personnes – dont un enseignant au secondaire – ont été arrêtées cette semaine à l’issue d’une large enquête contre la pornographie juvénile entreprise dans plusieurs régions du Québec, par l’entremise des réseaux sociaux. Tous les suspects interpellés ont déjà comparu devant un juge, dans leurs régions respectives.

L’un des suspects est un enseignant de l’école secondaire Collège Trinité, à Saint-Bruno-de-Montarville, en Montérégie, selon un courriel envoyé aux parents par l’établissement en fin d’avant-midi vendredi.

Gilles Croteau enseignait en 3e secondaire dans ce collège privé. L’enquête du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) a mené à une perquisition dans cet établissement scolaire.

Il a été arrêté en lien avec des accusations de leurre informatique, d’incitation à des contacts sexuels et de pornographie juvénile. La police n’a pas été en mesure de confirmer si un élève de cette école avait été victime de M. Croteau.

« Nous suivons la situation d’heure en heure, a précisé l’établissement scolaire par courriel. Nous comptons sur votre collaboration pour nous faire part de toute situation qui pourrait soulever des inquiétudes chez vous ou votre enfant. »

Une enquête de plusieurs mois

Ces dossiers d’enquête avaient été lancés à l’automne 2022. La plupart ont été menés en collaboration avec la Division des enquêtes sur la cybercriminalité (DECyb) et l’Équipe d’enquête sur l’exploitation sexuelle des enfants sur l’internet (ESEI) de la Sûreté du Québec.

L’enquête s’est surtout faite par l’entremise des réseaux sociaux, alors que les policiers ont en effet intercepté 3300 séances de clavardage. Dans plusieurs cas, des personnes cherchaient à rencontrer des enfants. Certains échanges parlaient carrément de points de rendez-vous pour fixer des rencontres avec ces enfants. Les suspects arrêtés n’auraient toutefois pas de lien entre eux.

« Nos infiltrations virtuelles ont été faites sur diverses plateformes de clavardage qui sont connues comme étant utilisées par les cyberprédateurs. On fait constamment une vigie des réseaux sociaux et des salons de conversation. Nos enquêteurs doivent alors personnifier différents profils. Ce n’est pas juste de la personnification d’enfants, mais plusieurs autres types de profils », explique à La Presse le responsable de l’Équipe intégrée de lutte contre la pornographie juvénile, Marc-Antoine Vachon. « On devient meilleurs d’année en année », ajoute-t-il.

Une série de corps de police municipaux, dont ceux de Montréal, Québec, Longueuil, Laval et Gatineau, ont aussi participé. Au total, ce sont plus de 275 policiers qui ont participé à l’opération, coordonnée par l’Équipe intégrée de lutte contre la pornographie juvénile.

Plusieurs perquisitions ont été faites, menant notamment à la saisie de matériel informatique pour des fins d’analyse. Au total, ce sont 31 arrestations qui ont été réalisées entre le 23 et le 26 janvier. D’autres interpellations pourraient être annoncées ultérieurement si l’enquête continue de progresser. Pour l’heure, les suspects sont âgés de 37 à 79 ans.

On peut considérer ça comme une opération majeure. Il y a des arrestations dans presque toutes les régions du Québec.

Marc-Antoine Vachon, de l’Équipe intégrée de lutte contre la pornographie juvénile

Bon nombre d’infractions sont reprochées aux suspects : on parle notamment de leurre, d’entente et d’arrangement pour perpétrer une infraction d’ordre sexuel à l’égard d’un enfant, de rendre accessible à un enfant du matériel sexuellement explicite, de contacts sexuels, d’incitation à des contacts sexuels, d’agression sexuelle ainsi que d’avoir accédé à de la pornographie juvénile et d’en avoir possédé, distribué et produit.

Un « travail rigoureux »

Pour Marc-Antoine Vachon, « le partenariat serré entre les différents corps de police et le Directeur des poursuites criminelles et pénales » a permis « d’augmenter la capacité et la rapidité d’intervention afin de lutter encore plus efficacement contre l’exploitation sexuelle des enfants ». « Travailler de façon aussi organisée nous permet justement de faire ce type de frappes […] qui marquent les esprits », dit-il.

« C’est grâce au travail rigoureux et acharné de tous les policiers et procureurs impliqués que de tels résultats sont possibles », a-t-il ajouté.

Sur Twitter, vendredi, le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel s’est dit « extrêmement fier du boulot » des enquêteurs. « Trente et une arrestations en lien avec la pornographie juvénile, ce n’est pas rien. Les initiatives conjointes et le financement que nous avons alloué portent fruit. Bravo à toutes les équipes impliquées et continuez votre bon travail », a-t-il écrit.

Avec Daniel Renaud, La Presse, et La Presse Canadienne