Poignardé une dizaine de fois, battu violemment alors qu’il tentait de s’enfuir, torturé pendant son agonie, puis jeté dans un baril : Jimmy Méthot a été victime d’un meurtre crapuleux. Un jeune homme a été condamné jeudi en Chambre de la jeunesse à une sévère peine de neuf ans de détention pour sa participation à ce crime.

L’émotion était palpable en chambre de la jeunesse, alors qu’une dizaine de proches de Jimmy Méthot assistaient à l’audience sur la peine d’un des bourreaux de leur Jim. La mère et le beau-père du défunt ont livré des témoignages crève-cœur pour rendre hommage à ce garçon au « grand cœur ».

« Jimmy, ce n’est pas une victime. C’était un fils, un frère, un oncle, un neveu, un beau-fils, un ami. Il y avait tellement de gens qui l’aimaient », a soufflé sa mère, la voix brisée, devant la juge Myriam Lachance. Son fils, âgé de 27 ans, était parfois si démuni qu’il devait vivre dans la rue, au grand désespoir de sa mère.

« J’ai perdu mon gars, ça n’a pas de sens… ça n’en fera jamais pour moi », a sangloté la mère éplorée. « Tu n’as pas juste brisé ta vie, tu as brisé la mienne », a-t-elle lancé au tueur. « Tu as encore le temps, tu peux faire de quoi de bon avec ta vie. »

Il était in and out de prison, mais il était sur la bonne track. Il était vaillant, personne ne haïssait Jimmy. Il était respectueux, il a été élevé sur une bonne base. Ce n’était pas un bandit, pas un voleur, c’était un gars que tout le monde aimait. Je ne vais jamais accepter ça, mon homme.

Le beau-père de Jimmy Méthot, s’adressant à l’accusé

Le résumé des faits présenté en décembre dernier lorsque l’accusé a plaidé coupable à un chef de meurtre au premier degré lève le voile sur un homicide décrit par la poursuite comme « brutal » et « terrifiant ». Le rôle de l’accusé – maintenant âgé de 19 ans – est « secondaire » dans ce meurtre, selon la défense.

Des ordonnances nous empêchent de relater certains faits et de nommer les complices de l’accusé. On ne peut nommer celui-ci puisqu’il avait 17 ans au moment des faits.

Le récit des évènements

Le soir du 7 septembre 2021, l’adolescent se rend armé d’une machette dans une résidence de l’arrondissement de Lachine à Montréal pour rejoindre des gens. Il dépose l’arme sur le sofa à son arrivée et n’y retouchera plus.

Le groupe boit et discute dans une ambiance conviviale. De la drogue est consommée. Soudain, un conflit éclate entre Jimmy Méthot et une autre personne. L’adolescent s’insère dans l’empoignade et blesse la victime en lui lançant un verre de bière sur la tête.

Le conflit se poursuit dans la cuisine entre Jimmy Méthot et une personne. L’adolescent reste dans le salon et n’est donc pas témoin de la scène. Quand Jimmy Méthot revient au salon, il saigne abondamment. Il restera assis par terre, à l’agonie, pendant au moins une heure.

« Je ne veux pas crever comme ça, je ne veux pas crever comme ça ! », supplie Jimmy Méthot, avant de tenter de s’enfuir en courant dans les escaliers. L’adolescent de 17 ans le rattrape toutefois et lui donne une solide raclée devant la porte d’entrée. Il va même jusqu’à projeter la victime sur une porte-miroir, la brisant en mille morceaux.

L’adolescent traîne alors Jimmy Méthot, inconscient, jusqu’au salon, à l’étage. Même s’il est amoché, le captif tente de nouveau de s’enfuir. C’est lors de cette seconde tentative qu’il sera poignardé à plusieurs reprises dans le dos. L’adolescent, toujours dans le salon, ne prend pas part à cette agression.

Toutefois, le cauchemar de Jimmy Méthot n’est pas terminé. Juste avant sa mort, alors qu’il agonise, on lui verse du liquide à barbecue et/ou de l’eau de Javel dans la bouche.

L’adolescent participe ensuite au nettoyage de la scène de crime. Il enveloppe le corps de la victime dans plusieurs couches de tissu et le dépose dans un baril dans le garage. Ce n’est que trois jours plus tard que les policiers découvriront le corps à la suite d’une dénonciation. Le lendemain, l’adolescent se rend aux policiers.

Une peine qui se terminera en pénitencier

Selon le rapport d’autopsie, la victime a été poignardée à 11 reprises, mais est morte de 2 coups qui n’ont pas été causés par la machette de l’adolescent.

L’avocat de la défense a insisté sur le « grand » potentiel de réhabilitation de son client, qui continue d’étudier depuis deux ans. « Il est malade de voir les conséquences de ses gestes », a plaidé MVincent Rose.

La juge a suivi la suggestion commune et a imposé une peine de neuf ans de garde à l’accusé. Il devra purger les cinq premières années en garde fermée, d’abord dans un établissement jeunesse, puis en pénitencier, et les quatre autres dans la communauté.

La juge a pris en considération la « brutalité » du crime, la reconnaissance de culpabilité de l’accusé, son rôle « secondaire » dans le meurtre, ses remords et les conséquences sur les victimes. Notons qu’en jeunesse, la peine maximale est de 10 ans pour un meurtre au premier degré. Il ne s’agit donc pas d’une peine pour adulte.

MSimon Robin et MAlexandra Tremblay ont représenté le ministère public.