L’ex-député de Rimouski Harold LeBel a été condamné à huit mois de prison après avoir été reconnu coupable en novembre dernier de l’agression sexuelle d’une jeune femme dans son appartement de Rimouski en 2017.

Si elle se sent maintenant plus « forte », la victime de l’ex-député a témoigné jeudi du calvaire qu’elle a vécu à la suite de son agression sexuelle et pendant toute la durée du processus judiciaire.

« Je n’ai jamais repassé le fil des évènements […] autant que pendant le procès. J’ai eu l’impression d’être confrontée aux évènements en boucle. J’ai eu beaucoup de difficulté à travailler dans les jours qui ont suivi la fin des procédures », a-t-elle raconté dans une lettre lue par la procureure de la Couronne, MManon Gaudreault, au palais de justice de Rimouski.

Le juge Serge Francœur a ensuite entériné une suggestion commune présentée par les deux parties selon laquelle l’ex-député sera aussi inscrit pour 20 ans au registre des délinquants sexuels. Il devra également respecter une série de conditions l’empêchant d’entrer en contact avec la plaignante durant sa détention.

« C’est terrible pour moi », dit LeBel

L’ex-péquiste a pris la parole pour souligner qu’il avait « respecté, ici, la procédure » et « évité les débordements dans les réseaux sociaux » tout en présentant ses excuses.

« Ça se passe bien malgré les conséquences que j’ai eues pour moi », a ensuite témoigné Harold LeBel. « C’est terrible pour moi, ma carrière, mes valeurs. J’ai toujours été quelqu’un qui a été proche des groupes qui luttaient contre les agressions et ça vient me chercher d’être vu comme quelqu’un qui est un agresseur », a-t-il poursuivi.

Dans sa déclaration présentencielle, le juge Francœur a d’ailleurs reconnu qu’au-delà des huit mois de sa peine, l’exclusion d’Harold LeBel du Parti québécois, une formation qui lui « tenait tant à cœur depuis [ses] années collégiales », et la manière dont s’est conclue sa carrière politique étaient en soi « une peine » pour l’homme de 60 ans.

Il l’a ensuite encouragé à redevenir « un actif » pour la société. « Vous avez une famille, vous avez des personnes qui vous soutiennent, vous avez des fils », a-t-il insisté en l’invitant à s’inscrire à tout programme auquel il aura droit pendant qu’il purgera sa peine qui a débuté jeudi.

Suggestion commune

Parmi les facteurs aggravants retenus par le juge Francœur dans sa décision : la position d’Harold LeBel vis-à-vis de sa victime.

Je garde continuellement en mémoire […] le tourbillon dans lequel vous avez plongé la victime. Cette jeune femme qui, malgré une grande force mentale, a vu son monde s’écrouler, trahie par celui qu’elle considérait comme un ami, un mentor.

Le juge Serge Francœur, dans sa décision

De l’autre côté, son absence d’antécédents judiciaires et le fait que l’ex-politicien ait été un « actif pour la société » ont été retenus comme facteurs atténuants, tout comme son respect de ses conditions et le fait qu’il ait présenté des excuses à la victime le lendemain des faits.

Rendue mercredi, la décision de la Cour d’appel de finalement condamner à un an de prison Simon Houle, cet ex-ingénieur ayant agressé sexuellement une femme assoupie après avoir pris des photos des parties intimes de celle-ci, a été évoquée par les parties.

« Notre suggestion commune avait été discutée bien avant que l’arrêt Simon Houle soit rendu, mais il confirme la justesse de la suggestion commune que nous vous présentons aujourd’hui », a alors indiqué l’avocat d’Harold LeBel, MMaxime Roy.

« Une nuit interminable »

Le 23 décembre dernier, l’ex-député péquiste avait annoncé par l’intermédiaire de son avocat qu’il ne porterait pas sa condamnation en appel, ce qu’il a réitéré jeudi en saluant le travail du juge Francœur dans le dossier.

Un mois plus tôt, le jury avait rendu son verdict après deux jours de délibérations. Les douze jurés – neuf femmes et trois hommes – en étaient venus à la conclusion unanime que l’homme avait agressé la plaignante hors de tout doute raisonnable en octobre 2017.

Rappelons que la plaignante a raconté avoir vécu une « nuit interminable » dans l’appartement rimouskois de l’ex-politicien, de quelque 30 ans son aîné.

Elle a dormi avec une collègue chez M. LeBel dans le cadre d’un déplacement professionnel. La soirée se déroulait sans anicroche et son amie était partie se coucher dans une chambre quand l’homme a soudainement et sans avertissement tenté d’embrasser la victime.

La jeune femme, dont l’identité est toujours protégée par une ordonnance de la cour, a expliqué au tribunal qu’il avait ensuite dégrafé son soutien-gorge, puis qu’il avait passé la nuit à lui faire des attouchements alors qu’elle restait immobile, incapable de dormir.

L’ex-politicien de 60 ans clamait son innocence. Il a plutôt raconté au tribunal que leur baiser était consensuel. Selon lui, il s’est simplement couché dans le même lit que la plaignante, puis s’est réveillé avec les bras sur elle au hasard du sommeil. Le jury ne l’a pas cru.

Lisez l’article « Simon Houle condamné à un an de prison par la Cour d’appel »