Armes importées, fléchettes, potion au plomb et produits dangereux. Une descente de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) chez un complotiste des Laurentides a peut-être permis d’éviter un bain de sang, révèle une récente décision de justice.

Les policiers fédéraux ont été surpris de trouver sur place des barils d’essence et des sacs d’engrais, en plus du matériel nécessaire pour imprimer en 3D des pièces d’armes à feu. Un « remède » contre la COVID-19 à base de plomb mijotait sur une cuisinière.

Des armes prohibées ont également été récupérées par les policiers, notamment une arme tirant des projectiles de gaz poivre et un fusil coupé pouvant projeter des fléchettes dangereuses.

« Vous êtes arrivés une semaine trop tôt, sinon j’aurais été équipé pour défendre ma propriété », aurait-il lancé, en substance, aux policiers fédéraux qui l’ont appréhendé.

Ces détails sont contenus dans la décision du tribunal de la jeunesse qui retire la garde de ses trois enfants au père de famille, pour les confier à leur mère. La décision date de la fin de l’année 2022, mais la descente policière remonte à novembre 2021.

La GRC s’était déplacée parce qu’une vingtaine de « pièces d’armes à feu en destination du domicile des parents avaient été interceptées à la frontière » et que « le père diffusait des informations sur internet proclamant qu’il était un citoyen détenant les droits de défendre son territoire par quelques moyens que ce soit ».

Ni le corps de police ni les avocats de la mère de famille et des enfants n’ont voulu commenter la situation. La Presse n’a pas pu joindre l’individu au centre du dossier. Son identification est interdite par la loi.

Complotiste et survivaliste

Selon la décision de la juge Dany Pilon, l’homme au centre du dossier semble appartenir à la mouvance des « citoyens souverains », des complotistes qui rejettent l’autorité de l’État et le système légal. Il accumulait aussi de la nourriture et de l’équipement de survie dans la maison, à la manière d’un survivaliste.

« À l’intérieur, nous constatons rapidement un encombrement ainsi qu’un désordre exceptionnel, décrit une intervenante de la DPJ dans un rapport. Au sous-sol, nous retrouvons un encombrement atypique d’objets ou de produits tels que produits ménagers, masque à gaz, des boîtes, de l’approvisionnement allant du sac de type Ziploc à des bidons d’essence. »

Au moment de son arrestation par la GRC, l’homme a répété la formule « protest under arrest » en résistant. Sa conjointe et l’un de ses enfants l’ont imité.

Les trois enfants étaient scolarisés à la maison depuis 2019. Ils étaient isolés depuis des mois, « sans aucune possibilité de fréquenter d’autres enfants », selon la juge Pilon, qui a conclu à l’existence de négligence physique et éducative.

La magistrate a décidé de confier la fratrie à la mère de famille et d’accorder des droits de visite supervisés au père, conditionnels à une collaboration avec les services sociaux. La juge lui a interdit « de tenir un discours qui traduit sa philosophie aux enfants ou devant eux ».