L’accident de la Baie-James est survenu alors que les incendies historiques de l’été dernier avaient « étiré » au maximum la capacité de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), qui mène normalement le combat.

C’est ce que révèle, par la bande, une enquête interne menée par l’organisation à la suite des évènements du 10 juillet, dont La Presse a obtenu copie.

On y détaille la série d’évènements et de décisions ayant mené au déploiement d’un convoi pour secourir une dizaine de travailleurs bloqués à l’aéroport de La Grande-3, même si leur sécurité « n’était pas en jeu ».

Ressortent, entre autres, les « communications radio défaillantes » au moment du drame – l’aéronef censé soutenir le convoi n’ayant pas été en mesure de l’informer qu’il devait faire demi-tour en raison de la fumée trop dense.

Les véhicules et leurs passagers auraient ainsi été surpris par l’incendie de forêt 601 qui, propulsé par le passage d’un front froid, aurait parcouru environ 38 km en 24 heures à peine, à une vitesse de 2,8 km/h.

Situation de débordement

Mais la « cause fondamentale » de cet évènement, qui s’est soldé par un blessé, mais dont les conséquences auraient pu être bien pires, est que la SOPFEU se trouvait alors en « situation de débordement », souligne le rapport.

Ses ressources étant concentrées au sud pour combattre des incendies qui menaçaient villes et villages, l’organisation devait malgré tout défendre des infrastructures stratégiques d’Hydro-Québec, dans la région de la Baie-James, où est produite un tiers de l’électricité de la province.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’incendie de forêt 218 est le plus étendu à avoir été recensé dans l’histoire de la province.

Le jour de l’accident, ses travailleurs y procédaient à des opérations de brûlage contrôlé afin de tenir à distance l’incendie 218 d’une tour de contrôle à proximité de l’aéroport de La Grande-3. Cet incendie de forêt est le plus étendu à avoir été recensé dans l’histoire de la province.

[La SOPFEU] n’était pas en mesure de mettre en place la structure de gestion adéquate pour gérer sécuritairement les opérations de protection d’infrastructure stratégique dans le secteur du feu 218.

Extrait du rapport d’enquête de la SOPFEU

Si les pompiers forestiers québécois se retrouvent régulièrement en « situation de débordement » durant la période estivale, la SOPFEU avait alors « de la difficulté à être capable de tout prendre », admet son porte-parole, Stéphane Caron.

Pas de « faute professionnelle »

Par exemple, le Centre de lutte régional situé à Val-d’Or n’étant pas en mesure de gérer le convoi de sauvetage du 10 juillet, il avait été confié au Centre de lutte provincial, à Québec, qui ne gère pas d’opération terrestre en temps normal.

« On a étiré la capacité, puis on a géré ça différemment de ce que nos normes internes nous disent de faire. Et de toute évidence, ça a créé une situation où il y a eu de la confusion sur les rôles de chacun », explique Stéphane Caron.

L’organisation juge ainsi qu’il n’existe pas de « faute professionnelle » qui a été commise. « C’est l’ensemble de l’organisation qui doit prendre acte de ça », estime-t-il.

Alors que de tels étés pourraient se répéter, la SOPFEU entend faire « une réflexion importante » à l’avenir quant au déploiement de ses ressources et de ses capacités aériennes.