La fin d’un programme gouvernemental visant à soutenir financièrement les transporteurs aériens régionaux a rapidement des conséquences : Pascan Aviation, l’un des principaux acteurs du secteur, prépare une réduction de service, des licenciements et une fermeture de sa base secondaire à Québec.

Une base permet à une compagnie aérienne de compter sur du personnel navigant sur place de manière permanente. À l’aéroport international Jean-Lesage, les changements sont prévus dès le 27 novembre, selon une note interne envoyée aux employés de Pascan que La Presse a pu consulter.

« Nous reconnaissons l’impact significatif que cette fermeture aura sur vos arrangements professionnels et personnels, explique l’entreprise. Notre décision n’a pas été prise à la légère et reflète une stratégie pour s’aligner avec nos exigences opérationnelles et nos objectifs à long terme. »

Cela ne signifie cependant pas l’arrêt du service aérien à Québec. Il y aura cependant un « recentrage » de ressources vers Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, où est implanté Pascan, selon le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), affilié à la FTQ.

« Quand il y avait des imprévus, c’était plus facile en ayant des gens [des agents de bord et d’autres employés] à Québec pour répondre à la demande », affirme en entrevue téléphonique Jessé Vigneault, président du Syndicat des agents de bord de Pascan.

Il n’avait pas été possible de joindre le transporteur aérien au moment où ces lignes étaient écrites. Dans un message, son cofondateur, Yani Gagnon, a toutefois précisé que la fermeture de la base n’aurait pas « d’impact dans nos opérations à Québec en matière de desserte ».

Aide importante

Tous les acteurs concernés imputent la tournure des évènements à la fin du Programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels. Cette mesure avait été reconduite grâce à une enveloppe de 10 millions annoncée par le gouvernement Legault dans son budget déposé en mars dernier. Pascan figurait parmi les bénéficiaires de cette mesure.

Le programme a cependant pris fin le 30 septembre dernier. Mis en place pendant la pandémie de COVID-19, il permettait aux transporteurs admissibles d’éponger des déficits d’exploitation et continuer d’offrir des liaisons dans des régions comme le Nord-du-Québec, la Baie-James, la Côte-Nord et la Gaspésie.

« Cette annonce du gouvernement survient en plus dans la période de l’année la moins achalandée de l’année alors que le niveau de nos réservations sera […] en baisse importante, écrit Pascan, dans une missive transmise à ses employés le 9 novembre dernier. Cela nous contraint malheureusement à réviser nos opérations pour assurer la pérennité de nos activités dans ce nouvel environnement. »

La missive ne précise pas quelles liaisons seraient éventuellement affectées par une diminution du « nombre de vols réguliers ».

D’après ce document, les lettres de mises à pied pourraient être envoyées ce mercredi aux employés visés. Le SCFP croit qu’environ dix de ses membres, qui représentent près de la moitié des agents de bord, pourraient perdre leur gagne-pain. Selon le Registraire des entreprises du Québec, l’effectif de Pascan varie entre 100 et 250 salariés.

Dur à avaler

Le député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole péquiste en matière de transports Joël Arseneau qualifie d’« incompréhensible » la décision du gouvernement Legault de mettre fin au programme sans arriver avec une solution de rechange. Elle aurait dû être annoncée dans la mise à jour économique du 7 novembre dernier, affirme M. Arseneau.

« Le gouvernement a laissé miroiter que cela allait se régler, dit-il. Mais on les abandonne [les transporteurs] sans crier gare. On n’a pas vraiment d’alternative, ni du point de vue des compagnies ni des communautés touchées. »

M. Vigneault est du même avis.

Le SCFP et M. Arseneau estiment que la décision de Pascan témoigne des limites du Programme d’appui aux actions régionales (PAAR) – les billets à 500 $ – dévoilé en grande pompe par le gouvernement Legault en avril 2022.

« Si l’objectif était d’augmenter l’achalandage et stabiliser les dessertes régionales, force est de constater que c’est un échec », estime le député péquiste.

En savoir plus
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    Pascan offre des vols quotidiens dans une vingtaine de municipalités au Québec, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador.
    pascan aviation