Montréal pourra dégager une somme supplémentaire d’environ 30 millions pour décontaminer des terrains voués à des projets de logement, dans l’est de la métropole et ailleurs, en vertu d’une entente intervenue avec le gouvernement du Québec.

C’est ce qu’on apprend dans un avis du comité exécutif voté à huis clos au cours des derniers jours, qui vient d’être rendu public.

À ce jour, la Ville peut compter sur deux programmes de financement pour la décontamination, l’un de 75 millions qui est déjà complètement épuisé et un autre de 100 millions pour lequel il restait encore 13 millions de dollars à débloquer. Ces fonds seront maintenant disponibles pour l’administration Plante.

L’entente prévoit que Québec ajoutera 6,4 millions dans le premier programme. En ajoutant les intérêts d’environ 10 millions que la Ville a engrangés avec les 87 millions déjà engagés de ce second programme, la Ville obtiendra donc la somme exacte de 29,4 millions supplémentaires.

Montréal allongera pendant ce temps une somme supplémentaire d’environ 6 millions, pour un total d’un peu plus de 35 millions disponibles. « Ça va nous permettre de démarrer plusieurs projets qui sont prêts à partir. On a environ une vingtaine de projets en attente. C’est essentiellement du logement », affirme le président du comité exécutif et responsable des finances, Luc Rabouin, en entrevue.

« Ça représente plusieurs centaines d’unités de logement », ajoute M. Rabouin, qui souligne la collaboration du gouvernement dans le dossier. « Tout le monde doit être aligné sur le logement, c’est la priorité. C’est un exemple de ce qu’on peut faire, mais il y en aura d’autres », évoque-t-il.

Surtout dans l’Est

Les projets concernés se situent un peu partout dans l’île, mais les deux tiers des sommes sont prévus à l’est de l’avenue Papineau, dans un secteur où les besoins de décontamination sont immenses depuis des années.

Outre des chantiers de logement, les nouveaux fonds devraient aussi permettre de faire décoller certains projets de centres de la petite enfance (CPE) ou encore d’espaces communautaires. Des terrains municipaux doivent aussi déjà être décontaminés dans le secteur du boulevard Saint-Jean-Baptiste et de l’autoroute 40.

Appelée à réagir, la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a applaudi la nouvelle, en insistant sur le fait qu’une vingtaine de projets vont ainsi « voir le jour rapidement ». « Ils représentent 900 millions d’investissements. Je le dis toujours, la clé pour sortir de la crise du logement, c’est de faire preuve d’agilité et de flexibilité pour augmenter l’offre », a dit la ministre.

« Cette entente entre la Ville et le gouvernement en est le parfait exemple, et Montréal pourra toujours compter sur nous quand viendra le temps de faire tomber les barrières pour accélérer la construction de logements », a insisté Mme Duranceau.

En novembre dernier, le gouvernement Legault avait mis sur pied la Société de mise en valeur des terrains dans l’Est de Montréal pour acquérir, décontaminer et revendre les terrains industriels contaminés. Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’était alors montré inquiet que « peu de propriétaires à ce jour ont pu se prévaloir du programme » de 100 millions relevant de la Ville.

Dans l’opposition, on dénonce d’ailleurs « l’immobilisme de l’administration Plante quant à la réhabilitation des terrains dans l’Est ». « En réalité, ce sont des miettes qui ont été versées. Pour preuve, l’administration a le loisir de faire des intérêts sur ces sommes inutilisées. Alors que le gouvernement provincial a récemment repris le dossier de la décontamination de l’Est en raison de l’inaction de l’administration Plante, cette dernière ose se targuer d’être proactive. Elle devrait plutôt mettre les bouchées doubles », a fait valoir le conseiller Julien Hénault-Ratelle.