Il faut construire « plusieurs milliers » de logements destinés aux personnes sans-abri et vulnérables, dans un contexte de crise du logement et de l’itinérance au Québec, selon Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau.

« Le nerf de la guerre en ce moment, c’est la construction de logements, point. De toutes sortes, mais principalement des logements sociaux, des logements abordables, des logements que des organismes comme l’Accueil Bonneau vont pouvoir gérer. Ça en prend plusieurs milliers, pas juste des centaines », a demandé Fiona Crossling, lundi en conférence de presse.

Mme Crossling avait invité politiciens et médias à l’inauguration du Christin, un immeuble de 114 appartements au cœur de Montréal, destiné à loger des itinérants et des personnes à risque de le devenir, des jeunes sortant de la DPJ, des réfugiés ou autres locataires vulnérables, de tous âges.

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Fiona Crossling

Pour souligner que les besoins sont criants, elle a rappelé que le dernier dénombrement, en octobre 2022, qui a identifié 10 000 personnes en situation d’itinérance au Québec, n’était que la pointe de l’iceberg et que les projets en cours ne pourraient pas répondre à la demande.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, présent à l’inauguration, a tenté de défendre le bilan de son gouvernement au chapitre de la lutte contre l’itinérance. « Dans la dernière mise à jour économique, il y a eu un ajout de 500 places pour du logement pour les personnes en situation d’itinérance, pour enlever la pression sur les refuges et améliorer les conditions de vie », a-t-il dit.

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Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling, et la directrice générale de la Société d’habitation et de développement de Montréal, Sophie Rousseau-Loiselle.

Selon la mairesse de Montréal, Valérie Plante, 18 projets ont permis d’ajouter 802 logements pour les personnes vulnérables depuis 2018 à Montréal, et 15 autres projets sont en cours de réalisation, pour un total de 400 unités supplémentaires.

Sur les 114 logements de l’édifice Le Christin, 30 sont actuellement occupés, 12 locataires ont confirmé leur venue, une trentaine ont réservé des unités et plus de 100 dossiers ont été ouverts.

Pourquoi est-ce si long de distribuer les appartements, alors que des gens dorment dehors à Montréal actuellement ?

« Ça peut être long de monter des dossiers, parce que c’est tout un processus de rencontrer les gens, comprendre leurs besoins, comprendre si Le Christin répond à leurs besoins ou s’il y a d’autres types de logements qui leur conviennent mieux », explique Fiona Crossling.

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Des intervenants sont en poste dans le nouvel édifice, surtout pour s’assurer que l’intégration des locataires se passe bien et pour désamorcer des chicanes qui pourraient éclater. Ils peuvent aussi offrir de l’aide pour certaines démarches gouvernementales et judiciaires ainsi que pour la gestion financière des résidants.

On vise une clientèle mixte, mais autonome. Les personnes qui ont besoin d’interventions psychosociales plus importantes sont dirigées vers d’autres ressources.

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Monique Charette

Monique Charette, 67 ans, est enchantée du petit logement qu’elle occupe au Christin depuis décembre. L’an dernier, elle a perdu le logement qu’elle occupait depuis 15 ans. Sans ressources, elle s’est retrouvée pendant 24 heures dans un refuge pour itinérantes, puis pendant quelques mois dans une ressource temporaire.

« Arriver ici, ç’a été comme une renaissance pour moi, dit-elle. J’ai repris goût à la vie. J’espère pouvoir rester longtemps. »