Après quatre incidents techniques en quatre jours la semaine dernière, le Réseau express métropolitain (REM) doit s’améliorer rapidement, a réclamé le gouvernement Legault. Le gestionnaire du train léger, lui, concède que plusieurs « problématiques » doivent être résolues.

« Pour provoquer un transfert modal, il faut que nos réseaux de transport collectif fonctionnent. Les problématiques rencontrées depuis six mois doivent être prises au sérieux et nous devons nous assurer que les usagers sont bien informés », a martelé lundi la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Selon elle, « il est impératif que le système s’améliore » afin de redonner confiance aux usagers. Son ministère sera d’ailleurs en lien avec CDPQ Infra et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pour s’en assurer.

Mme Guilbault réagissait ainsi à une tournée radiophonique effectuée par le président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbaud, en matinée, dans la foulée des quatre incidents techniques survenus en quatre jours la semaine dernière. Le plus récent est survenu samedi en raison de déglaçage sur le pont Samuel-De Champlain, et avait touché le service pendant plus de deux heures.

De longues pannes comme on a vu […], ça devrait être voisin de zéro. On ne devrait pas en avoir. Et on n’en est absolument pas satisfaits.

Jean-Marc Arbaud, président de CDPQ Infra, sur les ondes de Radio-Canada

Selon lui, la situation du REM est « difficile depuis le retour du mois de janvier ». « Cette semaine, c’est un mauvais concours de circonstances. On a eu quatre enjeux en quatre jours. Ça n’excuse en rien la situation et on est pleinement conscients des inconvénients que cela cause aux usagers », a-t-il dit.

Au sein de Signature sur le Saint-Laurent (SSL), qui gère le pont Samuel-De Champlain, on indique qu’aucune manœuvre manuelle de déglaçage n’a eu lieu samedi.

« Le verglas a tombé naturellement avec le réchauffement de la température. Et on avait informé le REM de ça. Ce sont eux qui ont pris la décision ultime d’interrompre le service. On ne leur a pas imposé. Cela dit, on avait des employés sur place pour superviser le tout », affirme le porte-parole du groupe, Martin Chamberland. Il soutient qu’une rencontre est prévue ce vendredi avec le REM pour « optimiser » les communications entre les parties prenantes.

Des enjeux

À court terme, M. Arbaud affirme que trois enjeux devront être résolus avec les fournisseurs du REM, AtkinsRéalis et Alstom. D’abord, il cite le fonctionnement des portes palières parfois « retardé » par de mauvaises manœuvres, comme ça a été le cas jeudi dernier. C’est selon lui le « mauvais nettoyage » qui serait en cause, du gravillon s’étant installé dans une glissière de la porte palière.

À ses yeux, le niveau de formation du personnel pourrait également jouer pour beaucoup dans la longueur des pannes, certains employés « n’ayant pas encore suffisamment l’habitude avec le système REM ».

« On l’a déjà dit, mais on a aussi des enjeux avec la communication vis-à-vis du public. Il faut qu’on communique mieux. Il y a des évènements dans la semaine où la communication était loin d’être parfaite », a ajouté M. Arbaud, qui écorche au passage l’ARTM pour l’inefficacité des plans de relève, soit ces autobus du Réseau de transport de Longueuil (RTL) qui transportent les usagers en cas de panne.

« Nous allons faire le maximum pour aider le REM à opérer adéquatement la relève des activités en cas de panne. Nous sommes actuellement au travail […] afin de leur permettre d’améliorer l’exécution des activités de relève », a fait valoir lundi le porte-parole de l’ARTM, Simon Charbonneau.

La partie nord du REM devrait accueillir ses premiers trains à compter du printemps, en mars ou en avril. La livraison du train léger y est toujours prévue pour la fin de 2024, mais un échéancier plus précis sera fourni au moment du lancement des tests formels, à l’été.

Quant au bruit du REM, les travaux ne sont toujours pas terminés. Le meulage acoustique, soit le polissage sur les rails pour réduire le bruit de frottement avec les rails, est achevé. Mais les absorbeurs dynamiques, prévus pour réduire la propagation des vibrations sur les rails, sont installés « à 85 % », selon M. Arbaud. Le reste devra attendre au printemps, dit-il. « Cela dit, je pense qu’on peut voir que les mesures que nous avons prises ont eu un impact excellent sur le bruit et les nuisances sonores. »

Par ailleurs, le raccourci qui permettrait à des milliers de voyageurs d’économiser du temps de transfert entre le métro et le REM au centre-ville de Montréal devrait bientôt ouvrir, a confirmé le gestionnaire au 98,5. « L’enjeu était entre Kevric et Cominar pour l’utiliser dans les deux sens. Il y a une étude de sécurité qui devrait être finie et dans les prochaines semaines, on va pouvoir ouvrir. »