La première incursion de la Société de transport de Montréal (STM) dans le domaine du développement immobilier – 274 logements au métro Frontenac – a du plomb dans l’aile, a appris La Presse.

Le Complexe immobilier Frontenac est dans les cartons depuis des années. Dans sa dernière version publique, il incluait une majorité d’appartements sociaux ou abordables, en plus de locaux commerciaux et d’un stationnement souterrain. En 2018, la STM évoquait une inauguration en 2021. Trois ans plus tard, pas un coup de marteau n’a encore été donné.

« Le projet n’est actuellement pas viable », a indiqué la STM par courriel, citant « une analyse financière du projet en fonction des plus récents coûts de construction et une mise à jour de la valeur du terrain » effectuée l’an dernier.

En entrevue avec La Presse, la patronne de la STM a assuré que le projet n’était pas mort pour autant. « Pour nous, ça demeure une priorité », a affirmé Marie-Claude Léonard au téléphone. « Le projet n’est pas abandonné. On a des plans. On a des dérogations nécessaires. »

« Un nouveau partenaire » s’est penché sur le projet en 2023, mais a conclu que « ce n’est pas rentable », a-t-elle continué. « Les équipes travaillent à trouver le bon partenaire et le bon modèle pour que le projet lève de terre. »

Une révision de la structure de gouvernance est en cours, mais « ce projet ne tombera jamais à l’eau », affirme Mme Léonard.

« Depuis le retrait du partenaire financier, la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) a retiré le projet du site internet Accès Condos, a indiqué Julien Serra, responsable des communications de l’organisme. En effet, ce projet suscitait de nombreuses questions pour les futurs acheteurs (délais de livraison, prix d’achat, etc.) auxquelles il était impossible de répondre. »

« La SHDM demeure néanmoins très intéressée par ce projet mixte et continue de collaborer avec la STM/Trangesco. »

Le Complexe immobilier Frontenac a capoté en 2019, lorsque l’entrepreneur en construction choisi par la STM a été écarté. Il poursuit maintenant l’organisation pour 9 millions. La cause est toujours devant les tribunaux.

« On nous fait des promesses et ça tombe à l’eau »

Marc Fredette est membre depuis 2012 de la coopérative d’habitation qui devait s’installer dans une partie du Complexe immobilier Frontenac.

« Tous les deux ou trois ans, on nous fait des promesses et ça tombe à l’eau. À un moment donné, on nous disait qu’on pourrait déménager en 2021 », a-t-il déploré en entrevue téléphonique avec La Presse. « Je pensais qu’à un moment donné, ça se construirait. »

« Un des membres du conseil d’administration était intéressé par un appartement avec quatre chambres à coucher, mais là, il est trop tard », les enfants qu’il voulait loger sont devenus grands 12 ans plus tard, a illustré M. Fredette.

Marie-Claude Léonard a affirmé qu’elle comprenait la déception de ceux et celles qui attendent un logement dans ce projet.

« C’est sûr qu’on a de l’empathie, a-t-elle dit. Ce qu’on souhaite, c’est d’avoir un projet qui lève de terre le plus vite possible. Le projet, on continue à l’avancer. » Elle n’a pas voulu dévoiler de nouvelle date potentielle de livraison des logements.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le Complexe immobilier Frontenac verrait le jour sur un terrain à proximité de la station Frontenac aujourd’hui utilisé comme stationnement.

Le terrain sert actuellement de stationnement. Il est contaminé.

« C’est désespérant que, après avoir mobilisé le milieu, il n’y ait rien qui bouge pendant plus de 12 ans », a déploré Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Du côté de l’hôtel de ville, on espère qu’un « nouveau projet puisse voir le jour rapidement ».

« Il s’agit d’un projet qui avait été développé avant la pandémie et qui avait bien avancé », a réagi Simon Charron, attaché de presse au cabinet de la mairesse Valérie Plante. « Depuis, le marché a grandement évolué. Les coûts pour construire ont augmenté et les programmes de soutien à la construction du gouvernement provincial comme AccèsLogis ne sont plus au rendez-vous. Tout cela contribue à la nécessité de revoir le projet et son montage financier. »