La reprise de l’immigration internationale postpandémie aurait fait bondir la population de Montréal d’un impressionnant 5,3 % en seulement un an, selon une estimation de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Avec une augmentation de près de 100 000 habitants, la métropole a donc grandi plus rapidement que toutes les autres grandes villes de la province, incluant ses banlieues.

Pendant la pandémie, les pertes de Montréal au profit des régions n’étaient plus compensées par les arrivées internationales, donc « il y a eu des années de très faible croissance et même une année de décroissance démographique », a expliqué Martine St-Amour, démographe à l’ISQ, en entrevue téléphonique.

Mais une fois les frontières rouvertes, « il y a eu une très grande croissance démographique à l’échelle du Québec, et c’est une croissance qui a été portée par l’immigration internationale, a continué Mme St-Amour. Et on sait que, généralement, Montréal accapare une grande proportion des gains migratoires. »

Ces données devraient inclure toutes les personnes qui se trouvent sur le territoire (y compris les travailleurs temporaires, dont le nombre a récemment explosé), à l’exception des touristes.

Le cabinet de la mairesse de Montréal n’a pas souhaité commenter ces informations.

Des gagnants et des perdants

Avec des collègues, Mme St-Amour a récemment produit une estimation de population pour chaque municipalité du Québec, en date du 1er juillet 2023. Celle-ci a été faite sans tambour ni trompette juste après Noël sous la forme d’un « décret de population » du gouvernement du Québec. Ce sont ces données qui seront notamment utilisées pour calculer les subventions municipales.

C’est en comparant le décret de population 2024 au décret 2023 que l’on obtient une augmentation de 5,3 % de la population de la ville de Montréal et de 5 % pour l’île de Montréal. L’ISQ indique que de telles comparaisons peuvent soulever des problèmes méthodologiques, mais confirme que les données utilisées pour les décrets correspondent chaque fois à son « meilleur estimé » de la population de chaque municipalité. En plus des recensements, les démographes de l’ISQ ont accès à diverses bases de données gouvernementales (assurance maladie, par exemple).

Selon la compilation de La Presse, les municipalités québécoises de plus de 100 000 habitants ont vu leur population augmenter de 3,5 % en moyenne.

Dans la région métropolitaine, Vaudreuil-Dorion et Brossard dépassent cette moyenne, alors que Laval et Longueuil se trouvent en dessous. Certaines villes de l’Ouest-de-l’Île auraient même vu leur population diminuer dans la dernière année. Ce serait notamment le cas de Baie-d’Urfé (-4,6 %), de Beaconsfield (-2,4 %) et de Montréal-Ouest (-2,56 %).

Sans commenter ces cas en particulier, Mme St-Amour a indiqué que les municipalités qui perdent des habitants sont souvent « les régions les plus âgées, où les décès vont être plus nombreux que les naissances », ou celles qui subissent un exil.

Les municipalités qui comptent entre 10 000 et 100 000 habitants, elles, n’ont vu leur population augmenter que de 0,7 % entre 2022 et 2023, toujours selon le décret.

Radio-Canada a rapporté que des maires de municipalités éloignées des grands centres avaient émis des réserves quant à ces estimations : le tout petit village de Schefferville aurait ainsi vu sa population presque doubler, sans grand impact sur le terrain. Gaspé aurait perdu une centaine d’habitants, mais pas assez pour le faire passer sous la barre des 15 000, ce qui ouvre la porte à toute une gamme de subventions.

+14 % au centre-ville

Les experts de l’ISQ se sont même penchés sur l’évolution de la population dans les différents arrondissements de Montréal.

Selon leur estimation, le cœur de Montréal (arrondissement de Ville-Marie) aurait gagné 14 % en population entre 2022 et 2023 : 117 823 y habitaient au 1er juillet 2023, contre 103 017 une année auparavant, selon le décret. Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et Montréal-Nord auraient aussi connu une croissance particulièrement importante.

Martine St-Amour a souligné que c’est en mai prochain que l’ISQ publiera ses estimations officielles de la population québécoise. « On peut s’attendre à une reprise démographique, à une bonne croissance du côté de Montréal. Mais on en aura la pleine mesure en mai prochain », a-t-elle dit.