L’allongement des heures tarifées du stationnement sur rue deviendra réalité dès mercredi au centre-ville de Montréal, au grand dam de plusieurs commerçants. Les parcomètres seront payants jusqu’à 23 h du lundi au samedi, et ce, dans cinq secteurs névralgiques.

La mesure devrait rapporter 5 millions de dollars annuellement à la Ville. En semaine, il faudra dorénavant payer un espace de stationnement de 8 h à 23 h, alors que l’horaire actuel était de 9 h à 21 h.

Durant le week-end, la période tarifée sera de 9 h à 23 h le samedi, et non plus de 9 h à 18 h. Le dimanche, l’horaire tarifé demeurera pour l’instant de 13 h à 18 h. Il avait été question au printemps d’opter pour une plage de 9 h à 18 h, mais la Ville a reculé devant la forte grogne suscitée dans le milieu des affaires.

Au printemps, l’administration Plante avait reculé « jusqu’à nouvel ordre » sur l’allongement des périodes tarifées devant la forte opposition du milieu des affaires. Montréal avait toutefois ensuite confirmé en septembre que la mesure serait en vigueur le 15 novembre, après avoir « pris le temps de rencontrer » les commerçants « pour leur présenter les objectifs visés par ces nouvelles mesures ».

La Ville affirme aussi avoir accepté de faire passer la durée maximale de paiement de trois à cinq heures, à la demande des commerçants.

« Le but premier, c’est d’encourager les gens à se déplacer plus souvent pour générer plus d’achalandage dans les commerces. Autrement, on a des gens qui ne vont pas dans les bars et qui restent devant un parcomètre toute la nuit », avait dit cet automne la responsable de la mobilité à la Ville, Sophie Mauzerolle, en certifiant que la priorité n’est pas d’engranger plus de revenus.

« On s’est fait passer un savon »

Pour le directeur général de la SDC Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, il est clair que la Ville n’a eu que faire de l’opinion des commerçants depuis le début de ce dossier.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Glenn Castanheira

« On se dit qu’on s’est fait passer un savon. La Ville nous disait que ce n’était pas pour générer des revenus, mais on soupçonne clairement que c’était une opération pour faire plus d’argent. Et on aurait préféré qu’on nous le dise, en fait », a-t-il déploré en entrevue avec La Presse mardi.

Il affirme que plusieurs commerçants ont fait part de leurs craintes à la Ville ces derniers mois, mais que le projet n’a jamais changé. « Les restaurateurs sur Peel, sur Crescent et même sur Sainte-Catherine, puisqu’il y a du stationnement avoisinant sur Sherbrooke, ce sont eux qui vont manger la volée », dit M. Castanheira.

La SDC réitère par ailleurs qu’avant d’élargir les heures tarifées, elle aurait surtout aimé voir un projet de mutualisation des espaces de stationnement, promis par la Ville depuis 2018, mais pas encore livré.

« C’est toujours immobile à la Ville. Nous, on est déjà en discussions avec l’application montréalaise clicknpark. On commence à recenser les espaces de stationnement et on espère pouvoir faire une annonce l’an prochain. Bref, on est un peu en mode : laisse faire, on va le faire », conclut le DG.

Dans l’opposition, on ne décolère pas non plus. « Projet Montréal continue sa guerre à la voiture. […] Plutôt que de soutenir les commerçants du centre-ville qui vivent une concurrence féroce face aux grands complexes commerciaux et du commerce en ligne, l’administration Plante décide de leur faire la vie dure. C’est un non-sens », regrette le conseiller Julien Hénault-Ratelle.

Les cinq secteurs visés

  • Rue Guy/rue Sherbrooke Ouest/avenue du Parc/boulevard René-Lévesque Ouest
  • Rue Guy/boulevard René-Lévesque Ouest/rue Saint-Hubert/rues Saint-Antoine et Saint-Jacques
  • Boulevard Saint-Laurent/rue Sherbrooke Ouest/rue Saint-Hubert/boulevard René-Lévesque Ouest
  • Boulevard Robert-Bourassa/rue Saint-Antoine/rue de la Commune
  • Avenue du Parc/rue Sherbrooke Ouest/boulevard Saint-Laurent/boulevard René-Lévesque

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

Périmètre visé par l’élargissement des heures tarifées