Plus le temps passera, plus il sera « difficile » pour la Société de transport de Montréal (STM) de comprimer ses dépenses sans réduire le service, a prévenu lundi la direction de l’organisme, qui ne cache pas qu’elle craint une nouvelle « spirale vers le bas » en transport collectif.

« 85 % de notre budget est rattaché directement aux opérations et 70 % du budget d’exploitation, c’est de la masse salariale dont 90 % qui est conventionnée. Donc, oui, on peut s’optimiser, mais plus on va avancer, plus ça va être difficile », a concédé lundi la directrice générale de la société, Marie-Claude Léonard, en marge d’une allocution devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Sa sortie survient trois jours après celle de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Celle-ci avait dit vendredi trouver « un peu étrange » la position des municipalités, qui craignent de lourdes compressions de services dans le métro et dans les autobus si Québec ne verse pas au moins 300 millions de dollars pour 2024.

La ministre avait notamment soutenu que d’autres moyens permettraient d’« économiser de l’argent » sans pour autant affecter le service, entre autres en matière « d’opérations et de ressources humaines ».

« Limités »

À la STM, le son de cloche est bien différent : on prévient au contraire que le temps presse. « On devient limités dans les volumes d’argent qu’on a qui ne sont pas en lien direct avec le service », rétorque Mme Léonard à la ministre.

Visiblement inquiet, le président de la société, Éric Alan Caldwell, a clairement évoqué lundi une certaine « spirale vers le bas » qui ferait mal à l’industrie après trois ans de pandémie. « Si on dégrade l’offre de service, il y a moins de clients, moins de revenus et on tire le service vers le bas. […] Si on veut tirer vers le haut, il faut faire le choix d’investir. »

Selon lui, le modèle financier du Réseau express métropolitain (REM) devrait servir d’inspiration lors des négociations avec le gouvernement. « Le REM a ses coûts couverts à 85 % par le gouvernement et 15 % par les villes. Avec cette répartition, nous pourrions couvrir les coûts d’opération du transport collectif », a-t-il déclaré lors de sa présentation, un peu plus tôt.

Le moins d’usagers touchés

Tout cela survient alors que la STM est déjà en train de travailler sur des pistes « récurrentes » de réduction des dépenses pour 2024. Cela dit, « pour l’an prochain, on ne connaît que nos dépenses et pas nos revenus, donc c’est difficile de dire comment on se positionne et vers où on s’en va », s’est inquiétée Mme Léonard.

Aux dernières nouvelles, l’aide de Québec se chiffrera à plus de 200 millions pour 2024, mais vendredi, les villes négociant pour le compte de leurs sociétés de transport avaient fait savoir qu’une aide inférieure à 300 millions pour 2024 entraînerait plusieurs coupes.

Uniquement dans l’île de Montréal, d’après les hypothèses des municipalités, le métro devrait fermer après 23 h chaque jour et n’ouvrir qu’à 9 h le week-end. La baisse se ferait aussi sentir du côté du nombre d’autobus, partout dans le Grand Montréal, et des chauffeurs devraient être mis à pied.

Parlant de « scénarios hypothétiques », Marie-Claude Léonard a soutenu lundi que « si jamais on avait besoin d’aller dans des réductions […], on va vouloir le faire en fonction de toucher le moins de clientèles possible ». « Plus je baisse mon service, plus j’ai de clients mécontents, plus je perds des revenus, donc je suis dans un cycle », a-t-elle conclu.