La Ville de Montréal doit retarder la réouverture de son hôtel de ville, a appris La Presse, un troisième report depuis le début en 2019 de cette cure de jouvence de 210 millions.

Des imprévus empêcheront finalement les élus et les fonctionnaires de réintégrer le bâtiment à la fin de l’année, comme on l’avait annoncé en janvier dernier. Ils passeront encore l’hiver (leur cinquième) dans l’hôtel de ville temporaire, situé tout près.

« Divers imprévus au cours des derniers mois nous ont forcés à reporter le déménagement des employés au printemps 2024 », a indiqué Hugo Bourgoin, relationniste à la Ville de Montréal, dans un courriel. Il évoque « des retards de livraison de certains équipements », la faillite d’un fournisseur en ébénisterie et un incendie dans « l’usine de notre fabricant de fenêtres ».

« L’ensemble des imprévus font en sorte que la fin des travaux en lien avec le projet de restauration patrimoniale et de mise aux normes de l’hôtel de ville de Montréal est maintenant prévue à la mi-hiver, avec un déménagement des occupants au printemps 2024 », a-t-il continué. « Cela n’a toutefois aucun effet sur le budget global du projet qui reste le même. »

L’administration Plante n’a pas souhaité commenter la situation.

« La fin des travaux, c’est 2023 »

En janvier dernier, l’élue responsable du chantier avait annoncé une augmentation importante du budget du projet, qui atteint 210 millions (mobilier et systèmes WiFi compris). Émilie Thuillier faisait valoir que la pandémie de COVID-19 avait eu des impacts importants sur le chantier et que des surprises avaient forcé la tenue de travaux supplémentaires.

« La fin des travaux, c’est 2023 », affirmait-elle alors. « On finit les travaux en 2023 et après en 2024 on revient. »

« Ce projet est un exemple flagrant de la mauvaise gestion de l’administration qui dépense l’argent des contribuables comme s’il n’y avait pas de lendemain », avait alors commenté le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem.

Les coûts de ce projet de rénovation ont explosé depuis sa présentation en 2017, alors qu’ils étaient estimés à 88 millions, avant d’augmenter à 116 millions en 2018. Puis, en mai dernier, de nouveaux dépassements de coûts l’amenaient à 168 millions, avant que s’y ajoutent du mobilier et des équipements technologiques, en août, pour un total de 182 millions.

« C’est un des plus vastes chantiers de restauration de l’histoire du Québec », avait indiqué Menaud Lapointe, l’architecte chargé du projet, en début d’année. « C’est vraiment une immense campagne de travaux de restauration. »

M. Lapointe a indiqué que l’entrepreneur qui mène les travaux avait fait appel à un vaste éventail d’artisans spécialisés – forgerons, ébénistes, plâtriers, spécialiste des dorures ou du vitrail – afin de se rapprocher le plus possible du décor tel que les Montréalais pouvaient l’admirer en 1926.

L’hôtel de ville de Montréal a été reconstruit cette année-là après un incendie majeur survenu en 1922.