La Ville de Montréal pourrait être tenue responsable du bruit et de la poussière causés par des travaux d’excavation à flanc de mont Royal, dans le cadre d’un projet de condos de luxe.

Les services municipaux ont interdit aux travailleurs de dynamiter le roc sous l’ancien Couvent des sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, les obligeant – selon un entrepreneur – à utiliser des marteaux-piqueurs. La méthode est beaucoup plus longue et dérangeante pour les voisins.

Vingt-sept d’entre eux, enfants compris, se sont adressés aux tribunaux pour obtenir des réparations qui varient entre 500 et 15 000 $.

« Pour nous, c’était l’enfer. Ça a duré des années, ce “marteau-piquage” », a dénoncé l’entrepreneur et personnalité télévisuelle Nicolas Duvernois, qui habite tout près et fait partie de la poursuite. « La vie a fait en sorte que ça a coïncidé avec la pandémie, alors tout le monde était à la maison. Ma conjointe était enceinte. »

M. Duvernois et ses voisins ont poursuivi le sous-traitant responsable de l’excavation, Excavation L. Martel inc., devant la justice.

Selon les résidants, la méthode de travail « a causé d’incessants bruits et vibrations, chaque jour pendant 11 heures, six jours par semaine, sans compter les nombreux déplacements des camions et autres véhicules de construction dans les rues résidentielles avoisinant le chantier de construction ».

« Une solution complète du litige »

Le mois dernier, la Cour du Québec a accepté la demande d’Excavation L. Martel inc., visant à obliger la Ville de Montréal à répondre de ses décisions.

« Les principes directeurs s’appliquant en matière de procédure civile militent en faveur du maintien de l’appel en garantie pour éviter de multiplier les recours judiciaires », a tranché le juge Alain Breault, de la Cour du Québec. Les règles favorisent « une solution complète du litige », a-t-il continué.

Montréal s’était opposé à la demande de l’entrepreneur en excavation, ainsi qu’à la possibilité pour les voisins de réunir leurs poursuites en une seule procédure, menée par l’une des résidantes.

La justice doit encore déterminer si elle condamnera la Ville de Montréal dans cette affaire. D’autres audiences sont à venir. Selon la décision, elle plaidera notamment que le délai pour l’impliquer dans une poursuite est dépassé.

Le promoteur immobilier et ses sous-traitants n’ont pas rappelé La Presse.

« L’édifice aurait été assez robuste pour du dynamitage, mais pas le réseau de canalisations relié à l’énorme réservoir d’eau potable [équivalent de 52 piscines olympiques] de la Ville situé sous le terrain de rugby et de soccer des Carabins de l’Université de Montréal », avait affirmé la directrice des ventes du projet, Sabine Karsenti, au journal Métro en 2019. « On a chaque jour 200 ouvriers sur le chantier. »

La Ville de Montréal n’avait pas formulé de commentaire au moment où ce texte était publié.

L’immense édifice au cœur du dossier, situé au 1420 boulevard Mont-Royal, avait été racheté par l’Université de Montréal au début des années 2000. En 2016, malgré une vive opposition, l’établissement d’enseignement l’a vendu à un promoteur immobilier.

En 2019, La Presse avait révélé que des sols faiblement contaminés excavés sur ce chantier étaient déversés en pleine nature.