Franchir les douanes n’est plus l’épreuve la plus difficile à l’aéroport Montréal-Trudeau : quitter l’endroit est également devenu un défi. Le retour en force des voyageurs surcharge la ligne d’autobus 747, les files d’attente se faisant de plus en plus longues. Consciente du problème, la Société de transport de Montréal (STM) promet de trouver des solutions.

« C’est ridicule qu’il n’y ait même pas de machine pour faire de la monnaie. Ni qu’on ne puisse pas acheter les billets sur l’internet », dénonçait récemment l’usagère Marie-Julie Gagnon, dans un gazouillis qui a rapidement été relayé par plusieurs autres.

Sur les réseaux sociaux, des photos montrant de longues queues pour prendre la ligne 747 ont été publiées dans les dernières semaines. Plusieurs usagers ont notamment dénoncé le manque de bornes ou d’espaces pour se procurer un billet, mais aussi le fait que sans billet, il faut payer la somme de 11 $ en « monnaie exacte ». Autrement dit, les billets de banque ne sont pas acceptés, ce qui complique d’autant plus l’accès.

À l’aéroport, il y a actuellement « quatre distributeurs automatiques de titres dans la zone des arrivées internationales », lit-on sur le site de la STM. Ces bornes acceptent le paiement en espèces, mais aussi par carte de débit ou par carte de crédit.

Vers des solutions ?

La STM reconnaît d’emblée qu’un problème existe. Un « groupe de travail » a été mis sur pied cette semaine pour « décortiquer le parcours client à l’aéroport et mettre en place des mesures supplémentaires pour assurer la fluidité » et « bonifier l’expérience », explique la porte-parole de la société, Amélie Régis. « Nous proposerons qu’un employé en expérience client de l’aéroport fasse partie du groupe », dit-elle.

Parmi les « exemples de ce qui pourra être fait à court ou moyen terme », la porte-parole évoque notamment « l’ajout de distributrices de titres, l’ajout d’un terminal de point de vente mobile » ou encore la « vente de titres en concession ». Cela dit, le groupe de travail « aura sans doute d’autres idées et déterminera les actions prioritaires », nuance Mme Régis.

En guise de justification, la STM affirme aussi que l’aéroport de Montréal « a noté une augmentation considérable de son achalandage qui serait 30 % de plus qu’avant la pandémie, ce qui a aussi eu un effet sur l’achalandage de la ligne 747 ».

La hausse est toutefois nettement moins marquée pour l’achalandage du bus que l’affluence générale vers l’aéroport. Si on compare les mois de mai, juin et juillet 2019 à ceux de 2023, la fréquentation de la ligne 747 a en effet connu une augmentation moyenne de 4 % seulement.

Et comme la période estivale chargée en voyages prendra fin bientôt, la société de transport s’attend à ce que l’achalandage de la 747 reparte à la baisse dans les prochaines semaines, ce qui pourrait contribuer à soulager les files d’attente.

Un « besoin pressant »

Chez Trajectoire Québec, un organisme qui défend les droits des usagers en transport collectif, la directrice générale Sarah V. Doyon estime que la situation « démontre à quel point il y a un besoin pressant pour un système de transport structurant et simple reliant l’aéroport au centre-ville ».

« On a très hâte de voir le REM arriver », assure-t-elle. Cela dit, le segment reliant l’aéroport au centre-ville est pour l’instant prévu en 2027, du moins aux dernières nouvelles.

Mme Doyon soutient que ce dossier « montre également l’importance de faciliter l’achat de titres de façon générale ».

Si on avait déjà un système qui permettait d’acheter des billets sur son téléphone, ça réglerait pas mal la question. C’est un exemple de plus illustrant le besoin de moderniser le système. Il y a plusieurs choses en cours et c’est tant mieux, mais il faut accélérer le pas.

Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec

Concrètement, en attendant le REM, Trajectoire Québec réclame de « multiplier les bornes, les lieux et les façons de pouvoir se procurer un titre ». « Il faudrait aussi peut-être avoir une communication qui est plus claire, tant pour les Montréalais qui reviennent de voyage que les touristes », soulève Mme Doyon.

Pour les touristes, dit-elle, « ça prendrait surtout des agents d’information dans l’aéroport lui-même », alors que pour les Montréalais, « ça pourrait être de leur proposer d’acheter le billet retour lors de leur venue à l’aéroport pour éviter des problèmes au retour, justement ».

Le service de la ligne 747 est offert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il fait la liaison entre l’aéroport et les stations de métro Lionel-Groulx et Berri-UQAM, ainsi que la gare d’autocars au centre-ville de Montréal. Un trajet direct est aussi possible pour aller à la station Lionel-Groulx.