La pénurie de chauffeurs d’autobus frappe fort en transport collectif. Chez exo, où il manque encore plus d’une cinquantaine d’employés pour « offrir le service planifié », des conditions de travail seront revues pour combler le vide d’ici 2025.

« On a environ 1000 chauffeurs. Cinquante, ce n’est pas un si gros pourcentage, mais le problème, c’est que le manque se fait sentir dans les mêmes secteurs, donc les annulations se répètent. On veut vraiment corriger ça », explique le directeur général d’exo, Sylvain Yelle.

Sur un total d’environ 5500 voyages par jour, un peu plus de 80 (1,5 %) sont touchés par des annulations sur une base régulière, dit-il. Dans un rapport piloté par la cellule de crise d’exo paru jeudi, on peut lire « qu’un chauffeur d’autobus manquant peut affecter en moyenne jusqu’à 8 voyages ».

Exo, dont les chauffeurs sont en grande partie fournis par des transporteurs externes, vise à embaucher la cinquantaine de chauffeurs manquants d’ici 2025. Cela lui permettrait de revenir à un taux de livraison de 99,5 %. « On s’attend déjà à des gains cet automne », dit M. Yelle.

Les secteurs les plus touchés par la pénurie sont L’Assomption, Terrebonne, Mascouche, Sorel-Varennes, mais aussi Le Roussillon, qui inclut Candiac et La Prairie, où des usagers disent être moins bien desservis depuis la refonte du service liée au Réseau express métropolitain (REM).

Au sujet de cette refonte, d’ailleurs, M. Yelle promet des ajustements en deux temps, d’abord « d’ici quelques semaines », puis dans quelques mois. « À court terme, on a vu que les heures ne correspondent pas tout à fait avec les heures de sortie du cégep Édouard-Montpetit. On va s’adapter », évoque-t-il.

Un sondage sera par ailleurs distribué prochainement à des usagers dans le but d’apporter des correctifs plus larges dans les prochains mois, soutient le DG. « Tout ce qu’on peut faire pour faciliter la vie à nos usagers, on va le faire », insiste-t-il.

Horaires réaménagés

Quant à la pénurie, la cellule de crise, qui réunit des maires et mairesses, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) et l’Association du transport urbain (ATUQ) ou encore Keolis et Transdev, propose de réaménager les horaires de travail et d’ajuster les temps de battement. À L’Assomption, où la pénurie est particulièrement aiguë, certains arrêts ont déjà été déplacés « pour offrir des trajets plus directs » qui demandent moins de temps et donc de chauffeurs. Ces derniers ont aussi plus de temps entre deux voyages.

Ces mesures seront étendues à un nouveau secteur encore non identifié au printemps 2024, « afin de créer des quarts de travail plus attrayants », soutient exo. L’organisme affirme aussi étudier la possibilité de « limiter le recours aux changements de gabarits d’autobus sur un même circuit au courant de la journée, ce qui permettrait de créer des quarts de travail en continu ».

Dans le secteur Laurentides, un projet pilote est aussi déjà en vigueur sur la ligne 11 pour réviser les assignations-véhicules des chauffeurs. L’initiative permet entre autres de retirer un chauffeur le samedi et le dimanche, pour offrir plus de congés.

La société souhaite aussi reconnaître davantage les compétences des travailleurs étrangers et faciliter le parcours de formation en centre et en entreprise. Des discussions ont présentement cours avec la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour réduire le temps d’attente avant l’obtention des permis, notamment pour les chauffeurs issus de l’immigration.

Exo compte aussi multiplier les projets pilotes de « nouveaux modes de mobilité » qui demandent peu ou moins de chauffeurs, comme le transport à la demande, soit un service d’autobus basé sur les besoins plus localisés des usagers. Des projets ont déjà eu lieu à Belœil et à Terrebonne, notamment.