Multiplication des correspondances, allongement des temps de déplacement, parcours difficiles : des résidants de la Rive-Sud dénoncent les lacunes du nouveau service d’autobus d’exo depuis la refonte imposée par l’entrée en service du Réseau express métropolitain (REM).

Les plaintes de citoyens s’accumulent sur les réseaux sociaux depuis que les autobus d’exo ne peuvent plus traverser le pont Samuel-De Champlain. Un groupe Facebook a même été formé pour recueillir les « lacunes et frustrations constatées » à La Prairie et à Candiac, deux secteurs où le service a été particulièrement touché par la refonte des différentes lignes de transports en commun.

Joanne McKenzie, qui habite La Prairie, constate que « des services ont disparu » depuis la refonte. « Avant, on pouvait se rendre assez facilement jusqu’à Montréal le matin en autobus. Maintenant, à partir d’environ 8 h 10, il faut prendre obligatoirement deux autobus pour se rendre au REM, depuis le terminus de La Prairie. C’est un non-sens ! », s’exclame-t-elle.

À l’extérieur des pointes, ajoute-t-elle, « les bus sont dirigés vers le terminus incitatif de La Prairie, et c’est de là qu’il faut prendre un autre bus pour se rendre au REM ». « Tout devrait pourtant converger vers le REM. On ne comprend pas pourquoi ça n’a pas été fait ainsi dès le départ », dit Mme McKenzie, qui estime que la refonte « a ainsi retiré de l’accessibilité dans certains secteurs ».

« C’est rendu ridicule »

Pour Richard Lamarre, qui habite tout près de la limite entre La Prairie et Candiac, non loin de l’école de la Magdeleine, le nouvel aménagement a aussi compliqué les choses.

« Avant, on avait un arrêt tout près du boulevard Taschereau sur la ligne 21, qui était gratuite et qui faisait tout l’axe. Ces arrêts-là sont maintenant non fonctionnels et ils ont été remplacés par un arrêt de la 650 et de la 651, des trajets qui sont payants et moins accessibles », explique ce résidant.

Le résultat de cette refonte-là, pour nous, c’est que pour traverser la ville d’est en ouest, maintenant, il faut qu’on prenne jusqu’à trois autobus. C’est rendu ridicule.

Richard Lamarre, usager d’exo

Il soutient que pour bien des usagers, l’absurdité est « qu’il est devenu plus simple d’aller à Montréal que de voyager dans sa propre ville ». « On a l’impression que toutes les propositions qui avaient été faites pendant les consultations pour conserver une certaine offre locale, elles n’ont pas vraiment été prises en considération au bout du compte », illustre encore le citoyen.

Période d’ajustement pour exo

« On veut se laisser le temps de bien prendre le bon pouls de la situation et de tout le monde, mais on est très ouverts à apporter des ajustements. On va s’ajuster en continu », répond à ce sujet la directrice du développement et de la planification de la mobilité chez exo, Catherine Beaulieu.

Mme Beaulieu l’assure : les plaintes et commentaires concernant la refonte des circuits d’autobus « sont tous recueillis et analysés » au quotidien « pour s’assurer de faire un suivi ». « Les solutions, pour nous éventuellement, ça pourra être de réajuster certains horaires de passages pour que les correspondances se fassent mieux », explique la gestionnaire.

Exo souhaite toutefois se donner encore un peu de temps. « Il y a quand même encore des étudiants qui ne sont pas réellement de retour dans nos réseaux, et on n’est pas revenu à un achalandage tout à fait normal depuis la pandémie. »

Cela dit, on est conscients que c’est un grand changement et on est sur le terrain au quotidien pour accompagner les gens.

Catherine Beaulieu, directrice du développement et de la planification de la mobilité chez exo

La refonte, poursuit-elle, avait pour but d’offrir une meilleure desserte vers le REM, mais aussi localement. « On a fait plus de lignes locales express, donc des lignes qui circulent sur de grands boulevards des différentes municipalités. Ça fait en sorte que les gens ont maintenant plus d’un choix, alors qu’avant, il n’y avait souvent qu’une seule ligne. Il faut donc aussi qu’ils s’approprient le réseau », évoque la directrice.

Dans les prochaines semaines, particulièrement à la rentrée, l’opérateur promet d’être encore plus présent pour répondre aux questions des usagers. « On s’y attendait, à ces bouleversements, c’est pour ça qu’on veut être présents. Il y a d’autres communications qui sont prévues près de la rentrée pour continuer à bien expliquer le réseau », conclut Catherine Beaulieu.

Son organisme espère que l’intégration des données de navigation du REM au sein des applications comme Google Maps, qui a été ajoutée lundi, « facilitera aussi la compréhension du nouveau réseau ». Cette mesure n’était pas présente lors de la première semaine après la mise en service du REM.

L’histoire jusqu’ici

Avril 2022 : Exo annonce les grandes lignes de sa refonte prévue avec l’arrivée du REM, après plusieurs consultations.

Mai 2023 : La mise en service du REM, qui devait initialement être inaugurée fin 2021, est reportée pour la troisième fois.

Juin 2023 : CDPQ Infra annonce que le premier tronçon du REM entrera bientôt en service. La « marche à blanc », la phase ultime des tests, débute.

Juillet 2023 : L’antenne Rive-Sud du REM entre en fonction le 31 juillet. Le jour même, la refonte du réseau d’exo entre en vigueur. Les autobus ne traversent plus le pont Samuel-De Champlain et se réorganisent sur la Rive-Sud.