Un nouveau train, un nouveau chapitre
« Bienvenue dans le REM. Prochaine station : Du Quartier. » C’est avec cette annonce automatisée que s’est ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire des transports dans le Grand Montréal, vendredi.
La première branche du Réseau express métropolitain (REM) a été inaugurée en matinée vendredi, après huit ans de travail, dont cinq ans de chantier. Elle relie Brossard à la gare Centrale de Montréal en passant par trois autres stations sur 16,6 km.
« C’est excitant, s’est réjoui le premier ministre François Legault, après avoir effectué le voyage inaugural. On se pensait, surtout dans les courbes, presque dans des manèges. Ça va jusqu’à 100 km/h. »
Le REM accélère assez rapidement en sortant de gare, forçant les passagers qui se tiennent debout à bien s’accrocher. Le reste du voyage est extrêmement fluide, même lors des accélérations et des décélérations. Les vibrations transmises aux passagers sont négligeables et le bruit ne pénètre que très peu à l’intérieur des wagons.
« La vue, sur le pont Champlain, est vraiment magnifique. Tout est neuf, a-t-il ajouté. J’invite tous les Québécois à venir essayer le REM en fin de semaine. »
L’accès au REM est offert gratuitement ce samedi et dimanche, afin de permettre à tous d’essayer ce nouveau train. Le service normal débutera lundi. Pas moins de 100 voyageurs ont également pu faire le trajet vendredi.
Valérie Plante dit avoir ressenti « de la fierté, du soulagement » en sentant le train se mettre en branle.
Je suis convaincue que les gens, quand ils vont essayer [le REM], ils vont l’adopter. Ça va vraiment changer la vision des déplacements dans la région métropolitaine.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
Justin Trudeau, qui avait fait le déplacement, a rapporté avoir été rempli d’un sentiment de gratitude pendant le voyage inaugural du REM. « C’est un moment de remerciement pour tous les gens qui ont travaillé si fort, qui y ont cru, à ce projet. » « Tout le monde devrait le prendre, c’est tellement plus facile. Ce n’est pas l’heure de pointe et, déjà, on passait à côté des voitures et on les dépassait », s’est-il réjoui.
« On doit ça à nos enfants »
Plus tôt en matinée, l’inauguration protocolaire de cette première branche du réseau a eu lieu à la nouvelle station Brossard. Le traditionnel ruban a été coupé sur le quai de cette station, après qu’un train fut arrivé en direct, derrière les dignitaires qui prenaient la parole.
Les premiers ministres Justin Trudeau et François Legault, ainsi que la mairesse Valérie Plante, ont insisté sur l’importance du projet de train électrique pour la lutte contre les changements climatiques.
« Pendant longtemps au Québec, on a beaucoup jasé et on n’a pas beaucoup réalisé. Je suis vraiment fier que, quand même dans un temps record, on ait réalisé ce projet », a fait valoir le premier ministre du Québec.
On a besoin de chacun et de chacune d’entre vous pour participer à la lutte contre les changements climatiques. On doit ça à nos enfants.
François Legault, premier ministre du Québec
« Le REM transformera la façon dont les gens se déplacent dans la grande région de Montréal », a affirmé Justin Trudeau, soulignant que ce nouveau réseau offrait des possibilités de densification autour des stations.
« Notre vision pour l’avenir, c’est simple : créer de bons emplois, rendre la vie plus abordable, faciliter la vie des gens et protéger l’environnement. Le REM nous aide à faire ça tout en même temps », a-t-il poursuivi, disant vouloir « continuer à être des bâtisseurs partout au pays ».
Tous les dignitaires ont été applaudis, mais c’est le chef d’orchestre du projet, Jean-Marc Arbaud, qui a obtenu la seule ovation de la cérémonie. « C’est comme une course. C’est un travail d’équipe. Si les gens ne mettent pas un tout petit supplément d’âme, tu ne fais pas un projet comme ça », a-t-il ensuite expliqué en entrevue avec La Presse, indiquant que son niveau d’adrénaline n’était pas encore redescendu. « C’est beaucoup plus dur au quotidien que ça peut paraître. »
Inauguré par 100 chanceux
Les dignitaires n’étaient pas les seuls à monter à bord du REM vendredi. Une centaine d’authentiques passagers ont pu inaugurer à leur tour le service en après-midi. Les 50 gagnants d’un concours organisé à cette fin, ainsi que 50 accompagnateurs, ont fait la traversée de la gare Centrale à la station Brossard.
Marc-Antoine Pitre, Elizabeth Lacasse et leur fils Théo Pitre, âgé de seulement 2 mois, sont venus de Drummondville. « Pour notre génération, c’est le plus gros projet de transport en commun, a dit M. Pitre. On est contents de pouvoir l’essayer à l’ouverture. »
« Papa, mets ta main sur mon cœur », a demandé Élysé Augustin, visiblement fébrile, à son père Derwin juste avant de monter à bord. « Mon garçon aime bien tout ce qui est lié aux trains. Il a même fait un livre informatif sur le REM à l’école », a rapporté ce dernier. La famille habite à Brossard. « On va le prendre quand on va aller à Montréal. »
« J’aime le métro, le transport public », a dit Nicolas Mirabelli, qui filmait chaque moment avec son téléphone intelligent. « Je suis tellement content d’être ici. » Son ami Evan de la Rua a eu la chance de l’accompagner. « Je vais l’utiliser quand j’irai voir mes amis sur la Rive-Sud », a indiqué ce dernier, ajoutant attendre avec impatience la branche qui desservira son domicile du West Island.
« Je suis très impressionné. Je reste à 10 minutes d’une station. Pour voyager à Montréal, l’auto peut rester à la maison, ça va être le REM dans le futur », a expliqué Dave Webb, un ancien conseiller municipal de Pointe-Claire. « Je ne fais jamais de concours. Là, j’ai participé et j’ai gagné. » Il était accompagné de son collègue John Belvedere, ex-maire de Pointe-Claire.
« On est bien contents. Ça ressemble au métro, je dirais. C’est smooth. Ça ne va peut-être pas assez vite à mon goût, mais on a bien aimé notre premier voyage », a dit Éric Gauthier en sortant du REM. Il avait fait le déplacement avec sa fille Mia Scarlett, âgée de presque 3 ans. Un voyage « tranquille », a commenté la fillette en replaçant une poupée dans sa poussette.
Bernardin Roy, pilote à la retraite, était venu de Sherbrooke pour être parmi les premiers passagers du REM. L’octogénaire avait été des tout premiers jours de fonctionnement du métro de Montréal en 1966 : « C’était tellement impressionnant. » « Je voulais essayer le REM ! », a dit M. Roy, qui a un peu perdu pied lorsque le train s’est mis en branle. Il s’est rapidement accroché à une barre horizontale dans le wagon.
Lisez « Le mode d’emploi du réseau »