Un cadre de la Ville de Montréal a demandé un permis de culture de cannabis sur son temps de travail et avec son adresse courriel professionnelle, pour ensuite vendre ses « surplus » de production à des collègues.

Maxime Fournier, qui gérait une centaine de cols bleus de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, a aussi qualifié un collègue de « nègre de boss » et falsifié son propre CV. Il a été congédié pour avoir multiplié les « fautes graves ».

C’est ce que révèle la décision du Tribunal administratif du travail rendue la semaine dernière, qui refuse sa demande de réintégration en emploi.

En 2019, M. Fournier a obtenu de Santé Canada le droit de produire du cannabis à des fins thérapeutiques.

« L’essentiel des courriels du plaignant auprès des intervenants, notamment Santé Canada, ont été envoyés au moyen de son adresse courriel et de sa signature officielle de la Ville », a relevé le juge administratif Jacques David. Le chef de section « a préparé avec précisions de nombreuses ventes de cannabis, ses surplus, dit‑il, à l’aide des appareils de la Ville, durant les heures de travail » et parfois à ses collègues, dont au moins un subordonné.

« Il s’agit d’une faute importante, a ajouté le juge administratif David. Le commerce des surplus de cannabis heurte de plein fouet les directives de la Ville et empêche le plaignant d’exercer un rôle réel et crédible quant à leur respect par les employés notamment au sujet de l’alcool et des drogues pour lequel notamment il est engagé. »

« De nombreuses fautes »

Plus grave encore du point de vue de la justice : Maxime Fournier a commis plusieurs fautes dans ses relations avec les ressources humaines de la Ville de Montréal.

D’une part, il a obtenu son poste avec un curriculum vitæ qui contenait « des informations erronées quant à ses expériences professionnelles », essentiellement une expérience de gestion fictive. « Il n’aurait même pas dû être convoqué en entrevue », selon une gestionnaire qui a témoigné devant le Tribunal administratif du travail. Il a aussi « falsifié un diplôme universitaire [de HEC] obtenu par son ex-conjointe de façon à ce que son nom y apparaisse au lieu de celle-ci » et « tenté d’influencer le processus de dotation [de postes] en faveur d’amis alors qu’il savait qu’ils ne détenaient pas les exigences requises ».

M. Fournier « a commis de nombreuses fautes, dont plusieurs sont des fautes graves », a tranché la justice, en confirmant son congédiement survenu en février 2020.

« Le cumul de celles-ci et l’insouciance affichée par le plaignant à l’égard de chacune d’elles constituent des éléments qui justifient une destitution sans préavis. Il y a là des motifs sérieux, sages et bien fondés de la part de la Ville. »

L’ex-chef de section a aussi qualifié un collègue de « nègre de boss » dans un courriel à des subordonnés et un autre « d’estie de tata ». Ces commentaires sont « mal avisés », mais ne constituent pas des « fautes graves » puisqu’ils n’ont pas été tenus en public et sont donc « sans conséquence », selon le juge administratif David.

M. Fournier était représenté par MDominique Goudreault. Son client et lui n’ont pas voulu commenter la décision.

« La Ville ne commentera pas le jugement rendu », a indiqué Gonzalo Nunez, chargé des communications pour la Ville de Montréal.