Longueuil a annoncé lundi que le compte de taxes de ses résidants et propriétaires de commerces augmenterait en moyenne de 5,6 % l’an prochain, la hausse la plus salée des grandes villes du Québec.

Les cinq villes les plus populeuses de la province ont maintenant dévoilé leurs intentions pour l’an prochain. Au menu : des augmentations plus importantes que dans les dernières années, mais sous les chiffres actuels d’inflation.

« On savait que l’exercice serait difficile », a expliqué lundi la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, en entrevue téléphonique. Le matin même, elle avait levé le voile sur une partie de son budget dans une lettre ouverte publiée par La Presse.

« C’est un dilemme entre ne pas mettre trop de pression sur les contribuables qui – on le sait – sont déjà largement touchés par la hausse du coût de la vie, mais en même temps la Ville subit aussi de l’inflation », a dit la mairesse Fournier. « Les contrats [municipaux] nous arrivent à 20 %, 30 %, 40 % plus haut que l’estimé. »

Le budget complet de Longueuil ne sera rendu public que mardi après-midi, quelques heures avant son adoption probable par le conseil municipal.

Les villes « n’ont pas toutes les mêmes contraintes »

Les quatre autres villes les plus populeuses du Québec avaient déjà rendu publique la teneur de leur hausse de taxes foncières.

La Ville de Québec est la moins gourmande, avec une hausse moyenne de 2,5 %. Gatineau dépasse un peu les 3 % d’augmentation moyenne en incluant une taxe sur les ordures, alors que Montréal affiche une hausse de 4,1 %. À Laval, l’unifamiliale coûtera 4,8 % plus cher en 2023 (+ 3,6 % pour les condos), et Longueuil ferme la marche avec une hausse moyenne de 5,6 %.

PHOTO SARKA VANCUROVA, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier

« À Longueuil, on avait vécu trois années sur quatre de gel de taxes dans le précédent mandat, a plaidé la mairesse Fournier. On se retrouvait déjà avec un appareil municipal qui fonctionnait au strict minimum. »

Évidemment que ça ne nous fait pas plaisir de devoir augmenter les taxes de cette façon-là.

Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Elle a aussi fait valoir que les taxes foncières de Longueuil étaient particulièrement basses.

Danielle Pilette, professeure à l’UQAM, spécialiste du monde municipal, a expliqué que la fiscalité ne dépend pas uniquement des choix des élus. « Toutes les grandes villes n’ont pas le même niveau de service, ni même le même niveau d’endettement, donc elles n’ont pas toutes les mêmes contraintes », a-t-elle dit en entrevue téléphonique.

Elle a ajouté que la dépendance des villes aux taxes foncières est aussi assez variable : Montréal, par exemple, tire des revenus importants de ses parcomètres ou de transferts particuliers de Québec, ce qui n’est pas le cas de toutes les villes.

Mme Pilette a souligné que si les municipalités sont capables de garder leurs hausses de taxes pour 2023 en dessous de l’inflation de 2022, c’est notamment grâce aux conventions collectives qui mettent leur masse salariale largement à l’abri des perturbations économiques – du moins à court terme.

« En contexte inflationniste, avoir des employés syndiqués, c’est un avantage », a-t-elle ajouté.