Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) manque de candidats pour ses postes d’officiers, ce qui explique notamment la hausse de 19,3 millions de dollars des dépenses occasionnées par les heures supplémentaires en 2022, soit le double de ce qui était prévu.

Le SIM termine l’année avec des dépenses de 400,6 millions, alors que le budget prévu était de 362,8 millions, selon les documents déposés devant la Commission sur les finances et l’administration de la Ville de Montréal.

Ces dépenses excédentaires découlent surtout des mesures anti-COVID-19, en début d’année, qui ont empêché les pompiers de changer de caserne pour faire des remplacements, a expliqué le directeur du SIM, Richard Liebmann, aux membres de la commission mardi. En cas d’absence, un confrère de la même caserne devait faire des heures supplémentaires.

Le SIM compte maintenant 120 pompiers « flottants », qui peuvent changer de quart de travail pour répondre aux besoins, ce qui réduira les heures supplémentaires, assure M. Liebmann.

L’autre problème qui augmente les dépenses, c’est qu’il manque 186 pompiers ayant la formation nécessaire pour remplacer les lieutenants en leur absence.

Nombreux échecs

Pour occuper un poste d’officier, un pompier doit réussir un examen. Mais le taux d’échec est de 60 à 65 %, selon l’Association des pompiers de Montréal.

« Il n’y a pas assez de pompiers admissibles pour remplacer les officiers, il faut demander à d’autres lieutenants ou capitaines de travailler en temps supplémentaire », explique Chris Ross, président du syndicat.

Le chef des pompiers confirme le problème. « Il y a de plus en plus de matière à étudier, et on doit être exigeants. Il n’est pas question de rendre l’examen plus facile, parce que ces gens ont littéralement des vies entre leurs mains », indique Richard Liebmann en entrevue téléphonique.

Pour épauler les candidats avant cet examen, le SIM offre un programme de développement des officiers et de coaching, dit-il. Il souhaite que ce programme augmente le taux de réussite pour réduire les heures supplémentaires.

Le SIM veut réduire de 2,6 millions le surtemps en 2023, indiquent ses documents budgétaires.

Le service compte 1794 postes de pompier, dont 225 destinés à des employés qui peuvent occuper les fonctions de lieutenant, ainsi que 284 postes de lieutenant et 264 postes de capitaine.

Accès restreint aux hauts fonctionnaires

La Presse a interviewé le chef des pompiers deux jours après sa présentation devant la commission, après des demandes insistantes.

Cependant, nos demandes d’entrevue avec la directrice du Service de police de la Ville de Montréal, avec le directeur général de la Ville et avec les directeurs de plusieurs services municipaux ont été refusées.

Depuis le 1er décembre, les directeurs de tous les services défilent devant la Commission sur les finances et l’administration pour expliquer leurs dépenses.

Avant la pandémie, les journalistes avaient généralement la possibilité de poser des questions directement aux hauts fonctionnaires à cette occasion.

C’est désormais impossible : le service des communications de la Ville impose aux médias un formulaire pour poser leurs questions, qui reçoivent ensuite des réponses écrites, dans un délai variant de quelques heures à quelques jours.

C’est le seul moment où les hauts fonctionnaires rendent des comptes publiquement sur leur gestion. Les citoyens peuvent leur poser des questions directement, à l’hôtel de ville ou en ligne.

L’opposition a dénoncé ce manque de transparence de l’administration. « Le formulaire mis à la disposition des médias est problématique. Il permet à l’administration de filtrer les questions et de contrôler le message », a déploré le chef de l’opposition, Aref Salem.

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Michaël Nguyen, s’est aussi insurgé contre cette pratique. « À une époque où la transparence n’a jamais été aussi importante, il faut permettre l’accès des journalistes aux hauts fonctionnaires, qui connaissent leurs dossiers et sont les mieux placés pour en parler. Cela permettrait d’améliorer la confiance du public envers les institutions », a-t-il souligné.

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  • 1794
    Nombre de postes de pompiers à Montréal
    source : Service des incendies de Montréal