Les villes de la banlieue de Montréal devront bientôt imiter la métropole en interdisant les sacs d’épicerie de plastique, en généralisant la collecte de compost et en limitant la distribution du Publisac.

C’est du moins ce que prévoit la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans une proposition qui fera l’objet d’une consultation dans les prochains mois. La CMM rassemble les 82 villes du Grand Montréal.

Le document prévoit aussi une interdiction de ramasser les ordures chaque semaine d’ici 2027 dans toute la région afin d’inciter ses 4 millions de résidants à recycler et à composter davantage. Une limite de 26 passages par année du camion-poubelle serait fixée.

Les décharges actuellement utilisées par la région se remplissent à vitesse grand V. Seule solution, selon la CMM : diminuer de façon importante (- 10 %) la quantité de déchets produite par chaque résidant de la région métropolitaine. Au total, le Grand Montréal jette 5 millions de tonnes de matière chaque année.

« Les lieux d’enfouissement arriveront à leur capacité maximale d’ici une dizaine d’années, a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui préside la CMM, dans un communiqué. Nous devons prendre des mesures fortes et ambitieuses pour favoriser la réduction à la source et le réemploi, et atteindre ainsi le zéro enfouissement. »

La moitié des déchets du Grand Montréal sont enfouis au Complexe Enviro Connexion de Terrebonne, qui devrait être plein en 2029. Les autres sites sont tous situés à l’extérieur de la région, notamment à Sainte-Sophie-des-Laurentides et à Saint-Thomas-de-Joliette.

La proposition de la CMM fera l’objet de consultations publiques en 2023. Si elle est approuvée, à la fin de 2023 ou au début de 2024, chaque municipalité devra adopter un règlement pour transposer ces règles sur son territoire.

« On a un gros défi »

Émilie Charbonneau, cheffe d’équipe à l’environnement pour la CMM, a participé à la rédaction de ce projet de Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles.

En entrevue téléphonique, elle a souligné qu’à peine la moitié des ordures des résidants du Grand Montréal étaient enfouies dans la région. En plus des mesures pour réduire à la source la quantité de déchets produits, les maires de la CMM devront aussi entamer une réflexion sur la possibilité d’ouvrir un nouveau dépotoir, si possible dans les limites du Grand Montréal.

On se rend compte qu’on a un gros défi par rapport à nos résidus ultimes. D’une part, on veut les réduire. D’autre part, ça va nous prendre une solution.

Émilie Charbonneau, cheffe d’équipe à l’environnement, CMM

Le document, qui fera l’objet de consultation dans les prochains mois, permet aussi de constater que la CMM rate ou est en voie de rater plusieurs de ses objectifs de son dernier Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles.

En 2020, 50 % des matières recyclables étaient recyclées (objectif : 70 % en 2018), un chiffre qui baisse à 29 % pour les débris de construction (objectif : 70 % en 2020). Les résidants du Grand Montréal produisent aussi beaucoup plus de tonnes de déchet que souhaité (758 kilos/personne, contre un objectif de 600 kilos/personne en 2020).

« Beaucoup d’efforts à déployer »

Karel Ménard, du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, n’est pas désespéré par ces résultats.

« Il y a encore beaucoup d’efforts à déployer, a-t-il reconnu en entrevue téléphonique. Ce qui me réjouit, c’est que pour la Ville de Montréal et pour la CMM, la solution ne passe plus seulement par le recyclage, mais surtout par la réduction à la source. »

L’écologiste salue l’idée d’étendre à l’ensemble du Grand Montréal des mesures déjà appliquées dans la métropole quant au Publisac et aux sacs de plastique. « C’est une excellente décision », a-t-il dit. Comme les propositions émanent des villes elles-mêmes, elles ont de bonnes chances d’être adoptées, selon lui.

Mais la meilleure nouvelle du plan de la CMM, a affirmé Karel Ménard, c’est la volonté de réfléchir à l’implantation d’un (ou de plusieurs) dépotoir dans les limites de son propre territoire. Si la Ville de Montréal gérait elle-même ses déchets, les coûts d’enfouissement beaucoup plus élevés forceraient villes et entreprises à réfléchir à de réelles solutions pour détourner massivement les ordures du dépotoir. « On est rendus là. On ne peut plus faire comme il y a 10, 20, 30, 40 ans », a-t-il dit.