La SPCA de Montréal a noté une recrudescence des abandons d’animaux pendant la période des déménagements, après un creux pendant la pandémie.

Chatkira, 6 ans. Louis, 4 mois. Loza, 12 ans. Dans les locaux de la SPCA de Montréal, chaque cage a son petit occupant. Dans les trois derniers mois, l’organisme a accueilli 689 animaux abandonnés, soit 132 de plus que l’an dernier. « On retourne à des niveaux prépandémiques », dit Élise Desaulniers, directrice générale de la SPCA de Montréal.

Parmi ceux-ci, 412 sont des chats et 115 sont des chiens. Le nombre d’abandons de lapins a également battu un triste record. Lors des années précédentes, l’organisme recevait une quarantaine de bêtes. Il a dû en accueillir 64 dans les trois derniers mois. Ces chiffres ne comprennent toutefois pas les animaux errants pris en charge par la SPCA.

Contrairement aux croyances, le 1er juillet n’est pas la journée la plus achalandée. « Les demandes d’abandon sont souvent dans les semaines ou les mois avant le 1er juillet, quand les personnes réalisent qu’elles n’ont pas trouvé de logement qui accepte les animaux », dit Mme Desaulniers.

Les baux locatifs

La SPCA implore le gouvernement du Québec d’abolir les clauses interdisant les animaux dans les baux locatifs, comme c’est le cas en Ontario depuis 1990. Dans la province, seuls les chiens d’assistance ne peuvent être refusés par les propriétaires.

Selon un sondage Léger de novembre 2021, 52 % des foyers québécois ont un chien ou un chat. Pourtant, à peine 4,2 % des propriétaires acceptent les chiens. Conséquence : près d’un animal par jour est abandonné à la SPCA de Montréal pour cause de déménagement, déplore Mme Desaulniers. L’organisme reçoit aussi des centaines d’appels de gens qui ne trouvent pas de logement en raison de leur compagnon à quatre pattes.

L’état actuel du marché locatif au Québec vient aggraver cette situation.

Dans un contexte de pénurie du logement, les propriétaires ont le gros bout du bâton. Ils ont énormément de demandes, donc ils ne prennent pas de chances avec les animaux.

Élise Desaulniers, directrice générale de la SPCA de Montréal

La situation touche de manière disproportionnée les familles à faible revenu en raison de leur choix de logements limité. « Les familles doivent faire un choix déchirant entre avoir un logement ou garder leur animal », se désole Mme Desaulniers, qui espère que le sujet deviendra un débat électoral à l’automne.

En avril, la SPCA de Montréal avait lancé une pétition à l’Assemblée nationale soutenue par la députée Manon Massé demandant au gouvernement d’abolir les clauses interdisant les animaux dans les logements. Elle a récolté jusqu’à présent plus de 33 000 signatures.

De longs séjours

En moyenne, les chiens restent une dizaine de jours au refuge, contre sept pour les chats. « Les animaux en bonne santé et jeunes vont se trouver une famille rapidement », dit Mme Desaulniers. D’autres doivent toutefois y demeurer beaucoup plus longtemps avant de trouver leur famille pour la vie. C’est particulièrement le cas pour les compagnons qui nécessitent des traitements, comme les chats diabétiques, ou les animaux plus âgés.

Loza, petite chatte au pelage gris, regarde les visiteurs déambuler devant elle. Le félin de 12 ans attend toujours sa famille d’adoption. « Elle est adorable », laisse tomber une employée. Benji, jeune chien de 10 mois, peine également à se trouver un nouveau foyer. « Il est très énergique », dit l’employé de la SPCA et entraîneur canin Xavier Martinez.

« On encourage les gens à adopter un animal plus difficile ou plus âgé pour leur donner une deuxième chance dans un foyer aimant », s’exclame Mme Desaulniers.

Les personnes qui veulent apporter leur contribution sans adopter un animal peuvent faire un don en argent ou matériel, rappelle la directrice. « Quand on reçoit de la nourriture, il nous arrive de la donner à des familles qui n’ont plus les moyens financiers », illustre-t-elle. Elle invite toutefois les donateurs à contacter l’organisme avant de se rendre sur place avec des dons.

Depuis mars 2020, un système de rendez-vous pour les propriétaires qui désirent abandonner leur animal est en place. Les personnes qui désirent rencontrer les animaux en attente d’adoption doivent également prendre rendez-vous.

En savoir plus
  • 200 000
    Nombre d’animaux domestiques qui ont été adoptés au Québec en 2021
    Source : SPCA
    3,25 millions
    Nombre d’animaux domestiques au Québec
    Source : SPCA