Un rapport publié ce jeudi par la Fondation du Grand Montréal et l’Institut du Québec explore des enjeux touchant plus particulièrement les femmes issues de minorités. Les violences, la santé mentale et l’intégration au travail sont au cœur de cet état des lieux.

Victimes au sein de la communauté LGBTQ+

Quelque 75 % des femmes issues de la diversité sexuelle sont plus à risque de subir une agression sexuelle et de le déclarer que les femmes canadiennes hétérosexuelles. Ces dernières, selon des données de 2018, représentent 29,8 % des victimes féminines. Les victimes bisexuelles ou pansexuelles, quant à elles, en représentent 55,4 %. Au sein de la communauté LGBTQ+, ce sont les femmes bisexuelles qui « ont un risque accru de subir de la violence sexuelle ».

Traumatismes et itinérance

Photo Alain Roberge, archives LA PRESSE

Pas moins de 90 % des femmes en situation d’itinérance ont subi des traumatismes.

Pas moins de 90 % des femmes en situation d’itinérance ont subi des traumatismes, selon le Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM). « Vivre dans la rue peut amener à être témoin ou à subir de nombreuses violences additionnelles. Ces femmes peuvent être victimes d’agressions ou être amenées à se prostituer », a déclaré le MMFIM. En plus de la violence genrée que subissent les femmes racisées en situation d’itinérance, des discriminations peuvent s’ajouter à leurs épreuves. « À la sortie d’institutions, comme la DPJ, une maison d’hébergement ou la prison, les femmes de tous les horizons qui ne sont pas bien accompagnées peuvent se retrouver en situation d’itinérance », a conclu l’étude.

Agression physique envers les Autochtones

Photo Dominick Gravel, archives LA PRESSE

Parmi les femmes autochtones, 42 % ont déclaré avoir subi une forme d’agression physique depuis l’âge de 15 ans.

Parmi les femmes autochtones, 42 % ont déclaré avoir subi une forme d’agression physique depuis l’âge de 15 ans. Selon l’enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de Statistique Canada, en 2018, ce taux se révélait deux fois plus élevé que celui des victimes non autochtones. En effet, 20 % des femmes non autochtones avaient déclaré avoir été victimes d’une forme d’agression physique depuis l’âge de 15 ans. « Ce sont des données autodéclarées […] À partir de 15 ans et plus, c’est l’un des groupes chez les femmes qui déclarent le plus d’agressions sexuelles avec les minorités sexuelles, entre autres », a déclaré l’économiste principal de l’Institut du Québec, Daye Diallo.

Santé mentale et famille

Photo Robert Skinner, archives La Presse

Le taux d’emploi des mères seules demeure inférieur à celui des pères seuls.

Les parents de familles monoparentales ont déclaré à 41 % avoir une « santé mentale mauvaise ou très mauvaise » en janvier 2021, soit le double des familles biparentales. Ces chiffres, provenant de Centraide du Grand Montréal, démontrent aussi que ce sont les mères seules qui sont « plus particulièrement affectées, car elles sont considérablement plus nombreuses en situation de monoparentalité ». La pandémie a exacerbé l’isolement, les difficultés de la vie quotidienne et le stress. Le taux d’emploi des mères seules demeure inférieur à celui des pères seuls.

24 % de femmes immigrées

Les femmes immigrées constituent 24 % de la population des femmes du Grand Montréal. En effet, 483 500 femmes dans le Grand Montréal sont nées en dehors du Canada alors que 1 526 095 sont nées au Canada. Le reste du Québec compte 4 % de femmes immigrées dans sa population féminine. Dans le Grand Toronto, on trouve une plus grande proportion de femmes immigrées que dans le Grand Montréal, avec la moitié des femmes qui sont nées à l’étranger. Mais c’est à Vancouver qu’on trouve plus de femmes immigrées que de femmes non immigrées.

Dénonciation d’agressions sexuelles

Photo Olivier Jean, archives LA PRESSE

Une personne sur deux qui a dénoncé une agression sexuelle était âgée de moins de 20 ans en 2020.

Une personne sur deux qui a dénoncé une agression sexuelle était âgée de moins de 20 ans en 2020 ; 53 % des agressions sexuelles avaient été subies par des victimes de cette tranche d’âge.

Violence et situation de handicap

Photo Robert Skinner, archives LA PRESSE

Les femmes de 15 ans et plus en situation de handicap subissent trois fois plus d’évènements violents que les femmes sans handicap.

Les femmes de 15 ans et plus en situation de handicap subissent trois fois plus d’évènements violents que les femmes sans handicap. C’est ce qu’a révélé l’Enquête sociale générale de 2014. Les évènements violents incluent les agressions sexuelles, les voies de fait ou les vols qualifiés. Pour 1000 femmes, on dénombrait 110 évènements violents à l’endroit de femmes en situation de handicap contre 35 évènements pour 1000 femmes sans handicap.

23 % de femmes racisées

Les femmes racisées, à l’instar des femmes immigrées, représentent 23 % des femmes du Grand Montréal. « Dans ce cas aussi, elles sont toutefois bien peu nombreuses quand on compare avec les deux autres métropoles canadiennes », dit l’étude. Dans le Grand Toronto et le Grand Vancouver, la moitié de la population féminine est racisée. Et dans le reste de la province québécoise, « elles ne représentent que 3 % de la population des femmes ».