Neuf mois après la destruction de la statue de John A. Macdonald au centre-ville de Montréal, c’est un monument à la reine Victoria, situé dans le même secteur, qui tombe dans la ligne de mire des militants d’extrême gauche.

La statue, située devant l’École de musique Schulich de l’Université McGill, rue Sherbrooke, a été maculée de peinture rouge la semaine dernière. C’était la septième fois qu’elle était attaquée en quelques années.

« Nous regrettons [de] ne pas avoir pu déboulonner la statue ce soir, comme les personnes sympas l’ont fait en août dernier avec la statue de Macdonald », ont écrit les vandales dans leur communiqué de revendication, publié sur une plateforme anarchiste, qui dénonce « le legs brutal de la monarchie britannique ».

Le groupe s’est baptisé « Brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin », un nom déjà utilisé pour revendiquer des attaques contre la même statue.

La reine Victoria a régné pendant 63 ans sur un empire britannique au zénith de sa puissance, de 1837 à 1901. « Son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche », déplore le communiqué de revendication.

L’Université McGill n’a pas répondu aux questions de La Presse sur l’avenir de cette statue. « Lorsque des actes de vandalisme ou d’autres délits sont commis, ils sont signalés à la police, qui prend alors les mesures nécessaires », s’est bornée à écrire la porte-parole Cynthia Lee.

L’imposant bronze a été inauguré en 1900 par Lord Strathcona, un homme d’affaires né en Écosse ayant fait fortune au Canada. Il s’agit d’« une reproduction de l’œuvre en marbre blanc qui se trouve devant le palais de Kensington, au Royaume-Uni » depuis 1893, selon le site ArtPublicMontréal.ca.

John A. Macdonald n’est pas près de revoir la lumière

Déboulonnée et décapitée en août dernier, la statue du premier premier ministre du Canada — un contemporain de Victoria — n’est pas sur le point de regagner son piédestal de la place du Canada.

La Ville se questionne encore quant à son avenir, a-t-elle confirmé à La Presse.

PHOTO GRAHAM HUGHES, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

La statue déboulonnée de John A. Macdonald

La statue « est entreposée dans des locaux fermés au public pour être analysée par des spécialistes en restauration », a indiqué par courriel Fabienne Papin, chargée des communications à la Ville de Montréal. « Différentes options sont étudiées quant à l’avenir de la statue pour assurer le type de mise en valeur le plus approprié pour cette dernière et les actions de restauration requises en conséquence. »

Des militants autochtones et des militants d’extrême gauche dénoncent les multiples hommages rendus dans l’espace public à Macdonald, accusé d’avoir orchestré un génocide des Premières Nations pour permettre la colonisation des vastes étendues canadiennes.

Montréal dit préparer un « cadre de reconnaissance » à partir duquel l’avenir de la statue de John A. Macdonald devra être décidé. L’élaboration de ce cadre progresse en ce moment même, avec des ateliers citoyens.

« La Ville de Montréal souhaite que ses actions futures témoignent des valeurs de diversité et d’inclusion qui sont les siennes », a écrit Mme Papin.

Elle précise toutefois : « La Ville de Montréal ne peut accepter le recours au vandalisme, même si elle est bien consciente que certains monuments historiques, ici comme ailleurs, sont au cœur de débats émotifs. »