Valérie Plante a reçu son cadeau de Noël le 7 novembre dernier. Les Montréalais ont décidé de mettre un deuxième mandat sous son sapin, et rien – pas même une infection à la COVID-19 – ne peut effacer son sourire lorsqu’elle fait son bilan de 2021.

« C’est somme toute une belle année », a dit la mairesse de Montréal le 20 décembre dernier en entrevue avec La Presse.

L’avant-veille, elle avait annoncé avoir reçu un test positif au coronavirus. La gorge enrouée, s’excusant pour son débit plus lent qu’à l’habitude devant la caméra de son ordinateur, Mme Plante constatait la flambée impressionnante du nombre de cas de COVID-19, notamment dans la métropole. Le lendemain, en matinée, elle décrétait l’état d’urgence à Montréal.

Mais cette triste fin de mois de décembre, sombre et anxiogène, ne doit pas faire oublier le reste de l’année.

Le 1er janvier dernier, Valérie Plante n’osait pas espérer que son année se conclurait avec une victoire éclatante contre Denis Coderre.

Je ne pensais pas à la victoire nécessairement, mais je ne pensais pas à la défaite non plus. On était très lucides. On voyait qu’on avait une pente à remonter, qu’on avait des croûtes à manger. Et tout ça dans un contexte de pandémie.

Valérie Plante

La pandémie n’a sûrement pas nui à son succès électoral, analyse d’ailleurs la mairesse.

« La COVID-19, ce n’est pas facile. Mais je trouve qu’à cause de la COVID-19, on parle beaucoup plus au “nous”, et moi, ça me fait du bien. Ça me fait du bien, la notion de bien collectif, l’idée de ne laisser personne derrière. J’ai vu à quel point ça parle aux gens », a-t-elle dit.

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Valérie Plante, en entrevue avec La Presse

Mme Plante dit l’avoir notamment constaté pendant la campagne électorale. « Je sais que les Montréalais et Montréalaises sont très progressistes et voir qu’ils sont d’accord pour mettre de l’argent pour les sans-abri, qu’ils sont d’accord qu’on aide les gens qui ont du mal à se nourrir, ça me touche. »

Cette période « m’a fait énormément de bien, a-t-elle continué. Ça m’a fait du bien aussi d’entendre des gens sur le terrain me dire : “Mme Plante, on vous aime.” Parce que quand ça fait un an qu’on ne l’entend pas vraiment, ça finit par nous jouer dans la tête, c’est sûr ».

« J’aurais dû être plus claire »

Oubliez les résolutions du Nouvel An : Valérie Plante n’en prend « jamais », assure-t-elle.

Des regrets dans l’année qui se termine ? Là encore, la mairesse se fait prier. Quand on lui soumet la controverse qui entoure sa promesse d’embaucher 250 « nouveaux policiers », elle admet une erreur.

« Vraiment, j’aurais dû être plus claire », a-t-elle dit. Médias et observateurs avaient compris qu’elle avait promis de créer 250 postes de policier, alors qu’elle avait précisé après les élections qu’elle voulait simplement que le service embauche 250 agents – essentiellement pour des postes déjà existants. L’opposition lui reproche d’avoir rompu sa première promesse de campagne.

Je continue à le dire : pour moi, pour mon équipe, dans le montage financier, dès le début de la campagne, c’est ça que ça laisse entrevoir. Il n’y a pas eu de changement de cap. Mais clairement, j’aurais pu l’expliquer différemment.

Valérie Plante

Par ailleurs, son administration a officialisé en fin d’année l’exclusion des élus de l’opposition du comité de vérification de la Ville de Montréal. Le chef de l’opposition, Aref Salem, a déploré que Mme Plante rompe ainsi avec une tradition et « manque de transparence ».

« J’entends ces préoccupations, mais [dans] notre parti, depuis le début, on innove en amenant plus de transparence », lui répond Mme Plante en entrevue. « La réalité, c’est que tout est ouvert. Cela étant dit, pour ce qui est de ce comité en particulier, c’est assez technique. C’est basé sur le nombre de sièges dont on dispose à la fin, quand on distribue les commissions. J’entends la préoccupation et je la prends au sérieux, mais pour moi, ici, on n’est pas dans une situation de vouloir cacher quoi que ce soit. On a besoin de l’opposition. »

Plus de légitimité ?

Ayant recueilli environ 52 % du vote, la mairesse Plante reconnaît que ce deuxième mandat fort lui donne plus de légitimité. « J’ai quand même eu 51 % lors du premier mandat, ce n’est pas rien, mais c’est vrai que cette fois-ci, j’ai un deuxième mandat encore plus élevé, très bien creusé avec mon adversaire. Encore une fois, ça démontre que notre parti politique n’est pas une erreur, qu’il est là parce qu’il est apprécié et que les gens croient en la vision qu’on porte », fait-elle valoir.

« Les autres partis politiques tendent l’oreille. Ils ne peuvent pas nier que 2 millions de personnes – ça, c’est l’île de Montréal – vont dans la même direction que la mairesse. Évidemment, ce n’est pas tout le monde qui a voté, mais il y a quand même cette prise de conscience, je pense », ajoute-t-elle.

Pour 2022, elle espère avoir deux cadeaux des ordres de gouvernement provincial et fédéral.

De Québec, elle désire « plus d’unités de logement ». « J’ai besoin d’argent pour faire du logement social », affirme-t-elle, en déplorant que plusieurs promoteurs qui souhaitaient intégrer des centaines de logements sociaux à leurs projets immobiliers n’obtiennent pas le feu vert, faute de financement adéquat de la part de Québec, comme l’a rapporté La Presse au début de décembre.

« Pour le fédéral, c’est vraiment de légiférer sur les armes à feu. Ce serait le plus beau des cadeaux pour les générations futures, c’est évident. Ce que je veux, c’est plus de sentiment de sécurité dans nos quartiers. Ça va vraiment être un gros cheval de bataille. On a besoin de pistes de solution pérennes », conclut la mairesse.