Affaire Craig Sauvé Coderre et Plante poursuivent leurs attaques croisées

Les attaques croisées entre Valérie Plante et Denis Coderre se sont poursuivies vendredi dans le dossier du conseiller Craig Sauvé, qui s’est « retiré » de Projet Montréal jeudi après que des allégations d’agression sexuelle eurent refait surface contre lui. Élections Montréal a toutefois tranché vendredi que le conseiller ne pouvait modifier son allégeance politique de la sorte.

En point de presse dans un parc de Montréal-Nord, la mairesse Plante a dû s’expliquer sur le retrait de son candidat, annoncé la veille au soir. Elle a affirmé que ce retrait avait été décidé d’un commun accord, parce que la plaignante a affirmé qu’elle ne fermait pas la porte à une poursuite civile.

Celle-ci accuse Craig Sauvé d’agression sexuelle, en lien avec des faits survenus à Ottawa en 2012. Sa plainte à la police a été classée sans suite. M. Sauvé nie avoir quoi que ce soit à se reprocher. Aucune poursuite civile n’a été lancée, mais tant la plaignante que le conseiller élu ont indiqué qu’ils n’excluaient pas d’entamer des processus judiciaires.

Vendredi, M^me Plante a suggéré que l’insistance de son adversaire dans ce dossier était liée à sa perte de vitesse dans les sondages, à la veille des élections. Le tout survient en effet alors que jeudi soir, un sondage publié par le magazine L’actualité donnait 46 % d’appuis à Valérie Plante, contre 40 % à Denis Coderre.

Le coup de sonde, qui ne recense que 7 % d’indécis, soit beaucoup moins que d’autres par le passé, a été réalisé par la firme Mainstreet du 1^er au 4 novembre auprès de 850 répondants. Le chef du Mouvement Montréal, Balarama Holness, ferme la marche avec 5 % d’appuis.

« Aucune empathie pour les victimes »

La réaction de l’équipe Coderre n’a pas tardé, vendredi. Déjà, jeudi soir, Ensemble Montréal avait affirmé sur les réseaux sociaux que, « clairement, Valérie Plante n’a aucune empathie pour les victimes d’agressions sexuelles », dans une attaque d’une rare violence. « Je ne sais pas quoi vous dire… », a réagi Valérie Plante, vendredi. « Je trouve que c’est une attaque déplorable, gratuite. »

Celle qui serait la numéro deux de Denis Coderre si ce dernier est élu, Nadine Gelly, se défend de faire une « campagne sale ». « On a réagi à un article de CBC, ce n’est pas nous qui avons sorti tout ça », a-t-elle indiqué à La Presse vendredi. « On a fait une campagne très propre, on n’a jamais sali quoi que ce soit. Moi, je pense que l’attaque gratuite, c’est venu beaucoup plus de l’autre côté », s’exclame-t-elle aussi, en assurant être en politique « pour les bonnes raisons ».

Pour M^me Gelly, le fait qu’il y ait eu « médiation » dans l’affaire Craig Sauvé est absolument regrettable.

« L’autre chose, c’est que Craig Sauvé a décidé de se retirer, mais aux élections, il est toujours présent. M. Sauvé est encore sur le bulletin de vote avec Projet Montréal. Ce n’est pas vrai qu’il a retiré sa candidature, c’est de la poudre aux yeux », a aussi insisté M^me Gelly, en appelant Valérie Plante à « exclure » le conseiller de sa liste électorale.

Vérification faite : il n’est en effet pas possible de modifier les bulletins de vote pour changer l’affiliation politique d’un candidat, a confirmé une porte-parole d’Élections Montréal, Mathilde Saint-Vincent, vendredi. Cela dit, si un candidat décide de retirer carrément sa candidature, son nom sera rayé des bulletins de vote, indique-t-elle à ce sujet.

Plus tôt, jeudi, Denis Coderre avait par ailleurs promis qu’il retirerait de son parti toute personne qui serait à son tour visée par des allégations de nature sexuelle. Il a pourtant « appuyé [en septembre] la candidature de Luis Miranda à la mairie d’Anjou qui est visé par une poursuite civile sur des allégations de nature sexuelle », a fustigé Projet Montréal. « Luis Miranda n’est pas un candidat d’Ensemble Montréal, contrairement à M^me Plante qui est en position d’autorité face à son candidat », a rétorqué le parti de M. Coderre.

Avec Isabelle Ducas, La Presse