Le chef de Mouvement Montréal, Balarama Holness, refuse de prendre tout le blâme pour l’environnement que certains ont jugé « chaotique et dysfonctionnel » sous sa direction chez le collectif Montréal en action au cours des dernières années. Il admet toutefois avoir commis des erreurs en raison d’une mobilisation-éclair.

« Oui, c’était le désordre, mais c’était parce que l’organisme a grandi de 150 % en seulement 24 heures. Après la mort de George Floyd, on est passés de cinq à 150 bénévoles. Tout le monde était inspiré et voulait combattre le racisme systémique », a expliqué M. Holness mercredi en entrevue avec La Presse.

Il réagissait ainsi à un article de CBC qui révélait mercredi matin que la quasi-totalité du conseil d’administration et de l’équipe de direction de Montréal en action avait démissionné en novembre et décembre, l’an dernier, en invoquant « un environnement chaotique et dysfonctionnel » à l’interne.

En 2018, Balarama Holness, qui était alors surtout connu comme ex-candidat à la mairie de Montréal-Nord, était parvenu à récolter plus de 20 000 signatures avec son collectif Montréal en action, parvenant ainsi à se prévaloir du droit d’initiative populaire de la Ville, qui force la tenue d’une consultation sur un sujet donné si les organisateurs obtiennent plus de 15 000 signatures.

Mais au sein de ce collectif, tout n’était pas rose. En fait, pas moins de cinq membres du conseil d’administration ont claqué la porte entre novembre et décembre 2020, selon CBC. L’une de ces personnes, Shalaka Shah, fustige M. Holness en affirmant que toutes ses tentatives « pour rendre les décisions plus justes et démocratiques ont été complètement ignorées ».

« Elle veut me salir »

Balarama Holness avoue qu’il ne souhaite pas « donner de la crédibilité » à ces contestataires qui, laisse-t-il entendre, ont peut-être des objectifs politiques en tête. Mais il veut tout de même se défendre. « Je n’ai jamais eu une seule rencontre de travail avec Mme Shah. Elle n’est d’ailleurs présente dans aucune photo de Montréal en action, parce qu’elle n’était pas là durant les consultations publiques, durant les moments importants. Puis là, à dix jours du vote par anticipation, elle m’attaque. J’ai l’impression qu’elle veut me salir », rétorque le candidat à la mairie.

Une autre bénévole citée dans le reportage, Catherine Diallo, affirme que M. Holness « regardait son téléphone pendant toute la réunion de l’équipe de direction ». « Il y a eu beaucoup de suggestions qui ont été faites qui n’ont pas été prises en compte ou qui ont tout simplement déraillé », affirme-t-elle.

« C’est vrai que j’étais souvent sur mon téléphone. Mais encore une fois, je dois admettre qu’à ce moment, j’avais sept cours en droit et on a grandi d’environ 150 personnes. C’était énorme. L’organisme est devenu comme une institution overnight », se défend M. Holness, qui dit « trouver malheureux » que « l’action concrète » qu’a permise Montréal en action soit ternie par « ces roches lancées avant le vote ».

« Est-ce que nous avons fait des erreurs ? Oui. Mais est-ce que ça enlève tout le travail que nous avons fait dans les quatre dernières années ? Non », insiste encore celui qui est aujourd’hui chef de Mouvement Montréal. « Tous les bénévoles qu’on a eus pendant cinq ans approuvaient mon leadership », fait-il valoir.