Le candidat à la mairie de Montréal Balarama Holness, chef de Mouvement Montréal, a révélé jeudi avoir reçu des menaces de mort par courriel. Se disant secoué par la violence des propos, il a décidé de porter plainte à la police.

Joint au téléphone une heure après la réception des menaces, M. Holness s’est dit « très bouleversé », même s’il reçoit souvent des messages haineux, a-t-il ajouté. « Je suis encore en train de digérer le message. Les propos violents peuvent se transformer en violence dans le monde réel », a-t-il confié.

Le courriel provient d’une personne qui se décrit comme un « fier Québécois ». On y traite M. Holness de « sale n… » et de « salaud d’immigrant qui doit être tué ». « Suicide-toi, sinon demande à quelqu’un de te fusiller », poursuit l’interlocuteur, qui utilise le pseudonyme de Jos Montferand [sic] dans son adresse courriel.

Balarama Holness a d’ailleurs partagé le message sur son compte Twitter, en disant qu’il recevait de nombreux messages du même type. « Je reçois beaucoup de messages haineux, mais je dois admettre que celui-là est l’un des plus violents. Ça m’atteint profondément », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait dû annuler une activité prévue avec ses candidats pour se remettre de ses émotions. L’ex-joueur de football, qui travaille depuis plusieurs années sur les enjeux de racisme systémique, souligne qu’il reçoit souvent des commentaires désobligeants, comme c’est le cas pour de nombreux politiciens, déplore-t-il.

Dénonciation en bloc

Plusieurs élus du monde municipal et provincial n’ont pas tardé à dénoncer la situation, jeudi. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a d’emblée affirmé que « ces commentaires sont inacceptables », en ajoutant que « peu importe l’allégeance politique, tous les candidat(e)s méritent le respect ».

L’autre principal adversaire de M. Holness, Denis Coderre, a fait de même. « Peu importe nos orientations politiques, le respect est non négociable. Les mots et gestes racistes, sexistes, homophobes et irrespectueux sont absolument intolérables, tout comme l’intimidation sur les réseaux sociaux », a-t-il écrit.

« Ces messages haineux doivent être condamnés et sanctionnés. Il y a certainement matière à déposer une plainte à la police », a ensuite renchéri le ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette. L’ancienne conseillère et chef du défunt parti Vrai changement pour Montréal, Justine McIntyre, a également condamné des propos « choquants et inacceptables ». « Il y a une énorme différence entre critiquer des positions publiques et un message comme celui-ci, qui relève de la catégorie des crimes haineux. J’espère que vous rapportez tout cela », a-t-elle estimé.

Promesse controversée

Le tout survient alors que cette semaine, M. Holness avait fait une promesse contestée dans le cadre de la campagne électorale municipale : son parti tiendra une consultation publique d’un an sur l’usage du français et de l’anglais dans les institutions, en vue de la tenue d’un « référendum sur le statut linguistique » de la métropole. Cet engagement a provoqué la défection d’un autre membre de son équipe : Jean-Pierre Boivin, candidat dans le district de Champlain–L’Île-des-Sœurs, a annoncé mercredi qu’il quittait le parti. Jeudi matin, un chroniqueur du Journal de Montréal accusait par ailleurs le candidat de « suprémacisme anti-québécois » avec sa proposition de référendum.

L’experte en gestion métropolitaine à l’UQAM Danielle Pilette rappelle que de plus en plus d’élus municipaux, provinciaux et fédéraux déposent des plaintes à la Sûreté du Québec pour intimidation et menaces. Le gouvernement Legault a d’ailleurs lancé début octobre un plan d’action pour faire face à l’intimidation en milieu municipal, dans la foulée d’une vague de départs d’élus et de maires qui ont quitté la vie politique en montrant du doigt la haine sur les réseaux sociaux.

« Ce n’est pas juste une question de réseaux sociaux, nuance la spécialiste. C’est aussi le fait qu’on est dans une société beaucoup plus hétérogène, et le contexte de la pandémie a joué pour beaucoup. Il y a une certaine américanisation de la société, qui fait qu’on fonctionne de plus en plus avec des groupuscules qui ont leurs idées, et qui vont parfois jusqu’à la violence pour les revendiquer. »

Mouvement Montréal a fusionné il y a deux semaines avec Ralliement pour Montréal, qui avait pour chef Marc-Antoine Desjardins et dont le programme prévoyait le renforcement de la protection du français.