Cinq observateurs de la scène municipale et de la vie urbaine nous font part des changements, bons ou mauvais, qui s’opèrent à Montréal.

Un gain en espace public

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Danielle Pilette, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM

Ce qui a changé en mieux, c’est assurément le gain en espace public, naturel ou aménagé. Ces lieux sont mis en valeur et ils sont très fréquentés. Ce qui a changé en pire, c’est évidemment la circulation autre que celle qui est active. Cela affecte la vie commerciale. Je me rends compte que les axes nord-sud sont plus atteints. L’autre chose qui a changé, ce sont les dépenses de la Ville. Le budget de fonctionnement a considérablement augmenté.

Danielle Pilette, professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM

Un plus grand souci du patrimoine

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques à Héritage Montréal et professeure au département de géographie de l’UQAM

Il y a eu de bons coups dans le domaine du patrimoine au cours des dernières années. En revanche, il y a un retard dans la mise à jour du plan d’urbanisme. Le dernier plan remonte à 1992. Cet outil est très important. C’est ce qui va dicter le bon développement de Montréal pour les prochaines décennies. En attendant, on doit prendre des décisions à la pièce, car il n’y a pas de vision d’ensemble. Je dois aussi parler de cette épidémie incontrôlable de façadisme, ces projets où l’on garde la façade tout en détruisant l’intérieur. C’est un grave problème.

Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques à Héritage Montréal et professeure au département de géographie de l’UQAM

Un rapprochement avec les commerçants

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Billy Walsh, directeur général de l’Association des sociétés de développement de Montréal

Je vais prêcher pour ma paroisse et souligner la réduction du taux de taxation pour la première tranche de 750 000 $ sur les immeubles non résidentiels qui a permis aux commerçants de petite taille de souffler. La commission sur les locaux vacants en 2019 a été une bonne chose. S’ajoutent à cela un programme de compensation financière en zone de chantier et une aide soutenue, avec le gouvernement du Québec, durant la pandémie. Même s’il est à géométrie variable, le programme de piétonnisation est une excellente initiative. Bref, on sent une réelle envie de la Ville d’appuyer les commerçants. Le dialogue est plus fort qu’avant.

Billy Walsh, directeur général de l’Association des sociétés de développement de Montréal

La difficulté de circuler

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Anie Samson, analyste politique et ex-vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal sous l’ex-maire Denis Coderre

Ce qui a le plus changé au cours des dernières années, c’est la difficulté à se déplacer dans la ville. J’ai tenu à me faire photographier sur mon scooter, car c’est la solution que j’ai trouvée pour bouger. L’état des rues s’est beaucoup dégradé. La COVID-19 a permis aux Montréalais de s’approprier les parcs et les rues. En revanche, la découverte du télétravail a incité des citoyens à quitter la ville. On verra au cours des prochaines années si ce phénomène ira en s’accentuant. Cela dit, il y a des projets qui ont été faits et qui n’auraient pas dû l’être en temps de pandémie. Je fais référence au REV. Ça a ajouté de la bisbille dans certains quartiers alors qu’on n’avait pas besoin de ça.

Anie Samson, analyste politique et ex-vice-présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal sous l’ex-maire Denis Coderre

Pouvoir profiter de sa ville est un privilège

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti

Montréal est une ville de locataires et ça devient de plus en plus cher d’y vivre. Mais je demeure impressionnée de voir comme on tente de rendre cette ville plus humaine. On élargit les trottoirs, on sécurise les piétons et les cyclistes. On prend possession du territoire sur lequel on vit. On ne le réalise pas assez, mais pouvoir profiter de la ville dans laquelle on vit est un véritable privilège. Regardez ce qui se passe dans certaines villes étrangères. Dans plusieurs cas, ce n’est plus possible. Bien sûr, les travaux nous énervent. Mais Montréal demeure une ville encore vivante qui a une âme.

Marjorie Villefranche, directrice générale de la Maison d’Haïti