La Ville de Montréal se considère déjà comme une championne de l’agriculture urbaine, mais elle veut en faire encore plus pour que les citoyens mettent la main à la terre : sa « stratégie d’agriculture urbaine », dont La Presse a obtenu copie, compte augmenter de 33 % la superficie d’espaces cultivés sur son territoire, les faisant passer de 120 hectares à 160 hectares au cours des cinq prochaines années.

Le programme de jardins communautaires de Montréal, avec plus de 8500 parcelles réparties dans 96 lieux, est l’un des plus importants au monde, affirme la Ville.

Pourtant, il n’arrive pas à répondre à la demande : il faut mettre son nom sur une liste d’attente et patienter plusieurs années pour arriver à obtenir un petit lopin dans un jardin communautaire.

« Moi-même, j’attends depuis trois ans pour avoir accès à un lot dans un jardin communautaire », témoigne Laurence Lavigne-Lalonde, responsable de la transition écologique et de l’agriculture urbaine au sein du comité exécutif, qui y voit un signe de l’engouement des citoyens pour l’agriculture urbaine.

« Quand on présente des projets dans nos arrondissements, les gens demandent toujours s’il y aura des espaces pour le jardinage. On est convaincus que si on met plus d’espaces à la disposition des citoyens, ils vont être utilisés très rapidement. »

Mme Lavigne-Lalonde souligne aussi que, depuis le début de la pandémie, les citoyens souhaitent de plus en plus se rapprocher de la nature, et s’intéressent grandement à l’approvisionnement local.

La stratégie de la ville comporte 34 actions qui seront réalisées sur une période de cinq ans.

On veut par exemple prévoir des superficies dédiées à l’agriculture urbaine dans les nouveaux développements, permettre l’utilisation temporaire de terrains municipaux pour le jardinage, intégrer des arbres fruitiers dans les projets de verdissement en favorisant les aménagements comestibles, faciliter l’implantation de projets de serres urbaines et encourager les projets de jardinage dans les cours d’écoles montréalaises.

La Ville s’est fixé des cibles à atteindre. On veut notamment faire passer de 43 à 93 le nombre d’écoles ayant des jardins.

Les projets commerciaux d’agriculture urbaine font aussi partie de la stratégie : on veut faire passer de 40 à 55 le nombre d’entreprises qui font de la production agricole.

« L’agriculture urbaine a le potentiel d’augmenter la production d’aliments sains et locaux, d’accélérer la création d’entreprises innovantes, d’améliorer notre résilience et ainsi d’avoir un impact positif sur la qualité de vie de la population », souligne la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dans le préambule de la stratégie.

« La Stratégie d’agriculture urbaine 2021-2026 s’inscrit dans le Plan climat 2020-2030 de la Ville de Montréal, et dans sa Vision 2030, qui vise notamment à enraciner la nature en ville, en mettant la biodiversité et les espaces verts au cœur de la prise de décision », indique aussi la Ville dans sa présentation de la nouvelle stratégie.