Une somme de 1,2 million destinée à la police lavalloise sera injectée pour lutter contre la violence par armes à feu et les gangs de rue. La somme permettra de bonifier les effectifs et de doubler ceux de l’équipe Équinoxe.

« On bonifie un plan d’action déjà en place pour mettre de la pression sur les criminels », a indiqué le directeur du Service de police de Laval (SPL), Pierre Brochet, en point de presse.

On prévoit l’ajout de spécialistes, dont un analyste, un agent de renseignements sur le terrain, un sergent et six agents doubles. La somme permettra aussi de se doter de deux enquêteurs supplémentaires.

« Il y a une culture d’armes à feu qui se développe. On arrête des jeunes de 17 ans avec des armes à feu sur eux. Ils vont beaucoup se challenger sur les réseaux sociaux », s’est alarmé le chef de police.

Le maire suppléant, Stéphane Boyer, implore Ottawa de changer son fusil d’épaule au sujet du projet de loi C-21. « On ne doit pas tout imputer aux municipalités, il faut une vision globale. »

Cette annonce survient après plusieurs évènements impliquant des armes à feu survenus sur le territoire lavallois. On compte six fusillades – dont un meurtre – la semaine dernière, toutes en lien avec des individus liés à la criminalité.

Depuis le début de l’année, le SPL a saisi 33 armes à feu sur son territoire, dont 8 dans la dernière semaine seulement. Ce bilan des saisies dépasse déjà celui de 2020. « Une culture d’armes à feu s’est implantée », estime M. Brochet.

La clé du succès : la cueillette de renseignements. « C’est le nerf de la guerre », poursuit le directeur du SPL.

28 évènements liés aux armes à feu en 2021

Au total, 28 évènements liés aux armes à feu sont survenus sur le territoire lavallois en 2021. Parmi ceux-ci, six tentatives de meurtre. « Parfois, il s’agit aussi de coups de feu sur des maisons, des voitures. On localise seulement les douilles, on se retrouve avec des dossiers sans plaignant. C’est un enjeu », détaille M. Brochet.

Au moins trois évènements durant lesquels des armes à feu ont été déchargées se sont produits dans la même nuit, du 19 au 20 août, dans les rues Marc et Grenier.

Parmi les récents évènements, on dénombre cinq affaires de coups de feu, six tentatives de meurtre et un meurtre, celui de Nitchell Lapaix, commis le 18 août. Les victimes connues des tentatives de meurtre sont âgées de 17 à 20 ans, et Nitchell Lapaix avait 27 ans lorsqu’il a été tué.

Conflit entre gangs

Selon nos informations, plusieurs de cette douzaine d’évènements auraient comme trame de fond un conflit impliquant au moins trois gangs de rue, les Chomedey 45, les 68 de Pierrefonds et les Flameheads du quartier Vimont à Laval. Ce conflit aurait débuté l’été dernier, mais semble s’être accentué depuis le printemps de cette année.

Dans les opérations de lutte contre le trafic d’armes, les services de police peuvent difficilement se passer de l’expertise de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). « Je ne sais pas où ils sont rendus dans les discussions. Ce que je comprenais, c’est que la GRC avait démontré de l’intérêt à embarquer. C’est sûr que la GRC, c’est un joueur important au Québec concernant le crime organisé. »

Entre les conflits personnels et les provocations récurrentes sur les réseaux sociaux entre membres de différents gangs s’est glissé un sentiment d’impunité. « Il y a des personnes avec des armes à feu qui s’affichent sur les réseaux sociaux. C’est assez incroyable. Le prestige et le pouvoir deviennent plus importants que le risque de se faire arrêter », explique M. Brochet.