Dans la foulée du partage de milliers de photos intimes sur l’application Telegram, des dizaines de personnes ont manifesté samedi après-midi à Montréal pour la défense des droits des femmes, qu’elles considèrent brimés, particulièrement sur les réseaux sociaux.

Le coup d’envoi de la marche a été donné à la Place des Arts vers 15 h 30. Des manifestants aux pancartes colorées ont scandé en cœur « Mon corps, mon choix ».

La marche faisait suite à la révélation du Journal de Montréal, début mai, concernant l’existence d’un groupe de 3200 hommes qui relayaient « sans aucune retenue » des vidéos et des photos à caractère sexuel de plusieurs femmes sur un groupe privé.

Lorsqu’elle été mise au courant de l’affaire, Angela Figueora, 21 ans, a lancé une invitation sur Facebook à protester contre le « cycle de la misogynie ». Une première marche a eu lieu dimanche dernier. « On veut faire appel au public, aux policiers, afin de rendre la situation visible. C’est une invasion à la vie privée », dit-elle.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les manifestants protestaient contre l’existence d’un groupe de 3200 hommes qui relayaient « sans aucune retenue » des vidéos et des photos à caractère sexuel de plusieurs femmes sur un groupe privé.

Vendredi, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a ouvert une vaste enquête pour faire lumière sur cette situation. La Sûreté du Québec et le Service de police de Laval y travaillent de concert.

« Ce n’est pas nouveau. Des actes comme ceux-là, ça se passe depuis toujours. Au secondaire, dans notre jeunesse… C’est juste que c’est caché. On ne sent plus en sécurité de partager notre intimité avec quelqu’un », déplore Angela Figueora. La manifestation s’inscrit dans une sensibilisation plus large contre la culture du viol, souligne-t-elle.

Avant la marche, des jeunes femmes ont partagé leurs poèmes à une petite foule attentive. « Mon corps est un temple, me dit-on. Un temple qui doit être célébré, respecté et vénéré. Mais voici ma question : pourquoi apprendre aux femmes à respecter leur corps si on n’apprend pas aux hommes à faire de même ? », a récité Kyelah Bourassa.

Mercredi, La Presse rapportait aussi le cas de la jeune militante féministe Éloïse Marinier qui a fait entendre son indignation au sujet de cette affaire dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. « Toute cette misogynie, c’était comme un coup de poing au visage. Je me suis dit : il faut que j’en parle ! Il faut qu’il se passe quelque chose », avait-elle expliqué.

Toute personne détenant des informations pertinentes dans cette affaire est priée de communiquer avec le centre Info-Crime Montréal, au 514-393-1133 ou via son site web, ou encore avec le 911 et son poste de quartier. Un traitement confidentiel et anonyme peut être assuré.

Avec Henri Ouellette-Vézina, La Presse