Après une période de flottement pendant laquelle son financement et son avenir semblaient incertains, le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence vient de recevoir l’appui de Montréal pour poursuivre ses activités, qui seront recentrées sur la métropole.

La Ville vient d’annoncer un soutien de 975 000 $ à l’organisme pour réaliser son plan d’action 2019-2020. Le plan implique un coup de barre dans la conduite de ses activités et la nomination prochaine d’un nouveau directeur et d’un nouveau conseil d’administration.

En mars, la Ville avait éjecté le directeur général de l’organisme, Herman Deparice-Okomba. Certains versements de subventions avaient été retenus. La majorité des membres du conseil d’administration avait démissionné.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Herman Deparice-Okomba

Un rapport du contrôleur général de la Ville de Montréal avait remis en doute la gestion de l’organisme. Dans les rares portions du document rendues publiques à la suite d'une demande de La Presse, le contrôleur soulignait que « des doutes ont été soulevés quant à l’utilisation des fonds publics montréalais ». Le document soulignait que « plusieurs intervenants du milieu [de la prévention de la radicalisation] se questionnent sur la mission de l’organisme et des moyens déployés pour la réaliser ».

Le contrôleur général s’était aussi penché sur des prises de position publiques d’employés.

Plusieurs sources au sein de l’appareil municipal avaient critiqué l’éparpillement du Centre, dont le directeur voyageait beaucoup à l’étranger pour discuter de radicalisation. La Ville souhaitait s’assurer que son financement soit utilisé ici-même plutôt qu’autour du monde.

Le nouveau plan d’action prévoit un recentrage des activités de l’organisme sur la métropole et de nouvelles ententes avec les partenaires comme la police, dans l’espoir de bien délimiter les tâches de chacun et d’éviter les dédoublements ou les conflits de juridiction.

« L’objectif sera désormais de miser sur des interventions ciblées et personnalisées pour les personnes à risque et leur entourage, soit celles qui n’iront pas forcément vers les institutions traditionnelles », a déclaré Rosannie Filato, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Lancé en grande pompe par Denis Coderre et le ministre Pierre Moreau en 2015, le centre constituait alors « une première en Amérique du Nord », de l’avis du maire de Montréal. « Le vivre-ensemble requiert un équilibre entre l’ouverture et la vigilance », avait-il affirmé, reprenant le mantra de son administration et de ses ambitions sur la scène internationale. Le Centre avait accueilli le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Le directeur général du centre avait quant à lui fait des présentations en Belgique, en Irak, en Espagne, en Tunisie, en Algérie, au Maroc et au Mali, entre autres.