La proposition de l'administration Plante d'interdire la circulation sur la voie Camillien-Houde sur le mont Royal ne suscite pas l'adhésion des Montréalais. Au terme de ses audiences, l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) proposera une solution de compromis, constatant que ni le statu quo ni l'interdiction de la circulation de transit, une solution testée pendant cinq mois, ne suscitent le consensus.

Annoncé en février 2018, le projet-pilote avait débuté en juin. Pendant cinq mois, seuls les véhicules d'urgence, les véhicules de fonction, les véhicules de transports collectifs et les cyclistes ont été autorisés à traverser la montagne. Depuis novembre, la circulation de transit, interdite pendant cinq mois, est de nouveau permise sur le mont Royal.

Devant l'opinion de plus de 10 000 citoyens, qui se sont manifestés en personne aux audiences ou par écrit, notamment par le truchement d'un formulaire sur le web, on constate que l'interdiction pure et simple de la circulation de transit n'est pas populaire. C'est, depuis la création de l'Office de consultation publique de Montréal, la plus importante consultation, au chapitre de la participation. Elle a recueilli sur ce seul projet plus du double des interventions habituellement recueillies.

Le rapport est en cours de rédaction à l'OCPM, mais déjà, il appert que le statu quo, soit l'absence d'entraves à la circulation, ne suscite pas davantage d'adhésion. Les conclusions devraient être rendues publiques en février.

Diverses mesures pour favoriser la coexistence des cyclistes et des automobilistes sont fréquemment mentionnées dans les observations recueillies. Certains ont suggéré qu'une piste cyclable parallèle à la chaussée suive un tracé totalement séparé ou contigu, protégée par un parapet. Une autre proposition récurrente prévoit la mise en place de dos d'âne sur la chaussée afin de ralentir la circulation. D'autres préconisent des règlements variant selon l'heure ou le jour.

Respect des recommandations de l'Office

Les avis de l'Office ne sont pas toujours suivis par l'administration municipale. Dans le passé, sous Gérald Tremblay et sous Denis Coderre, il est arrivé que la Ville opte pour une autre solution que celle qui était préconisée au terme d'une consultation. Mais en campagne électorale, Valérie Plante s'était, elle, engagée à suivre les recommandations de l'Office.

Au terme du projet-pilote, la Ville a reconnu que d'importants problèmes de coexistence entre piétons, cyclistes et automobilistes perduraient.

Le responsable des grands parcs au comité exécutif de la Ville, Luc Ferrandez, s'était réjoui qu'aucun accident ne soit survenu durant la période d'essai. Mais M. Ferrandez a reconnu que l'interdiction de la circulation de transit n'était pas la solution idéale.

À l'annonce du projet-pilote, en mai dernier, l'opposition à l'hôtel de ville, Ensemble Montréal, avait dépeint comme «manquant de vision» la stratégie «anti-voitures» de l'administration Plante. Lionel Perez avait alors suggéré des mesures de mitigation pour la circulation automobile, des dos d'âne et une voie cyclable protégée.

Tout ce débat sur la cohabitation entre cyclistes et automobilistes sur le mont Royal s'était enflammé en octobre 2017, après la mort du jeune cycliste Clément Ouimet, happé par un VUS qui effectuait un demi-tour, manoeuvre interdite sur la voie Camillien-Houde.