Il était question d'un tramway dans l'est de Montréal, mais il se pourrait que le Réseau express métropolitain (REM) soit la solution pour combattre la congestion routière et relancer l'économie jusqu'à la pointe de l'île. L'idée mérite réflexion, croit la ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau.

Il était question d'un tramway dans l'est de Montréal, mais il se pourrait que le Réseau express métropolitain (REM) soit la solution pour combattre la congestion routière et relancer l'économie jusqu'à la pointe de l'île. L'idée mérite réflexion, croit la ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole, Chantal Rouleau.

« Ça prend quelque chose de très structurant qui va permettre d'être l'élément déclencheur du redéveloppement économique de l'Est. Il faut que cela desserve les zones d'emploi et se rende du côté nord aussi. [...] Tramway ou REM, c'est la même chose pour moi. C'est une question de choix de technologie », a affirmé hier à La Presse Chantal Rouleau.

Cette dernière a indiqué qu'il faudra analyser la technologie du train électrique mise de l'avant par la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, CDPQ Infra, pour faire un choix éclairé. Jusqu'à maintenant, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a proposé de construire un tramway le long de la rue Notre-Dame ; le prolongement du REM est promis jusqu'à Chambly et pourrait se faire, au nord, jusqu'à Mirabel.

« Chose certaine, il faut un axe de transport pour l'est de Montréal jusqu'à la pointe de l'île. Et on ne parle pas de multiplier les autobus », a-t-elle indiqué en soulignant que « le REM peut être une bonne idée ».

DEUX EMPRISES ENVISAGÉES

L'idée est celle d'un prolongement sur deux emprises, l'une sur la rue Notre-Dame à la faveur d'une réfection complète de celle-ci, et l'autre qui longerait le boulevard Henri-Bourassa, au nord. Cette idée a été lancée hier par le président de la Société de développement Angus (SDA), Christian Yaccarini, dans une allocution devant un parterre de gens d'affaires invités par la Chambre de commerce de l'Est de Montréal.

M. Yaccarini se faisait vraisemblablement l'écho de plusieurs acteurs économiques de l'Est montréalais en interpellant Mme Rouleau et son collègue de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, également présent.

« C'est, selon moi, une option que le gouvernement du Québec devrait envisager pour ne pas reproduire involontairement l'iniquité dont notre territoire fait les frais depuis 40 ans. »

- Christian Yaccarini, président de la Société de développement Angus (SDA)

M. Yaccarini a rappelé que le tracé du REM prévu par CDPQ Infra, dans l'ouest de Montréal, permettra entre autres à l'arrondissement de Saint-Laurent de bénéficier à lui seul de cinq stations du REM, dont une au Technoparc.

« Où pensez-vous que les entreprises iront s'installer ? Le développement économique du centre et de l'ouest de l'île sera facilité, ce qui risque d'aggraver encore plus les iniquités envers l'est », a-t-il soulevé.

PEINTURER LE REM EN ROSE

Par la suite, il s'est adressé spécifiquement aux élus municipaux de l'administration Plante pour les convaincre du bien-fondé de la proposition. « Vous pourriez porter le message à la mairesse qu'il nous fera plaisir de peinturer le REM de l'Est en rose, au besoin. »

Ce qui s'apparentait à un appel à un certain pragmatisme a provoqué des rires dans l'assistance mais n'a guère fait dévier de leur objectif politique les deux membres du comité exécutif de Montréal qui étaient présents. « C'est un projet intéressant, mais après la ligne rose », a laissé tomber, après l'événement, François Croteau, maire de l'arrondissement de Rosemont - La Petite-Patrie.

Son collègue Robert Beaudry, de qui relève le développement économique au comité exécutif, a d'abord mentionné être d'accord avec toutes les options de transport en commun pour l'Est qui pourront enlever de la pression sur la ligne orange du métro. Il a également souligné que le bureau de projet de la ligne rose du métro entreprendra sous peu des analyses qui devraient apporter un éclairage sur les véritables besoins en matière de mobilité.

« Notre priorité, c'est la ligne rose du métro, mais s'il y a des opportunités d'investissements supplémentaires pour le REM, dans l'Est, pourquoi pas ? », a dit M. Beaudry.

Quant à savoir si CDPQ Infra pourrait avoir un intérêt à investir davantage dans le réseau du REM, on a rappelé hier par courriel que, « selon la gouvernance établie avec le gouvernement du Québec, il appartient à ce dernier d'identifier les projets sur lesquels il souhaite que CDPQ Infra se penche et développe des propositions techniques et financières ».

VISION SUR LE LONG TERME NÉCESSAIRE

Outre la proposition du REM qui a été présenté comme un outil important pour le développement économique, Christian Yaccarini a plaidé pour qu'un organisme dédié au développement territorial prenne les rênes d'un plan d'action.

« Pour renverser la vapeur, on a besoin d'un plan sur 20 ans. On doit se presser lentement. Les simples forces du marché ne seront pas suffisantes. »

- Christian Yaccarini

Du coup, il a proposé que la SDA soit ce meneur de troupe, « dirige les efforts sur le terrain » et développe « une vision forte et novatrice avec l'ensemble des partenaires ». Il importe, selon lui, que le travail à faire soit économique et social et que l'immobilier ne soit qu'un moyen pour parvenir à l'objectif.

Il a d'ailleurs mis en garde le ministre Fitzgibbon pour que les fonds publics puissent profiter à « des développeurs qui n'auront que le profit à court terme comme attentes ou, encore pire, aux pollueurs eux-mêmes ».

Le premier ministre François Legault a récemment annoncé la disponibilité de 200 millions de dollars pour la décontamination des anciens terrains industriels de l'Est, qui sont laissés en friche.