Un cheval de calèche s'est écroulé dimanche après-midi dans le Vieux-Montréal. L'animal est mort après avoir été secoué de convulsions, un triste incident qui risque de relancer le débat sur l'éthique dans l'industrie des calèches.

Encore sous le choc, la cochère Shanna Lalonde a raconté que le cheval, Zeus, s'était mis à tousser sans pouvoir s'arrêter, rue Saint-Jean, à l'angle de la rue du Saint-Sacrement. « J'ai débarqué mes clients, je l'ai détaché de la calèche, j'ai essayé de l'aider à passer sa toux. Ça n'a pas passé et il s'est effondré par terre. »

Zeus appartenait à Luc Desparois, propriétaire de Services de calèches et traîneaux Lucky Luc. Cette entreprise, qui a le monopole des calèches à Montréal, a maintes fois été dénoncée par les organismes de défense des animaux, qui jugent la pratique cruelle et les chevaux, maltraités.

En septembre 2017, un autre cheval s'était d'ailleurs effondré dans le Vieux-Montréal. Cocotte était restée près de huit minutes au sol, inerte, avant de se relever. Des images filmées par des passants avaient alors soulevé l'indignation des citoyens. M. Desparois s'était défendu en affirmant que la jument s'était « simplement endormie ».

Celui que l'on surnomme le « King des calèches » semblait catastrophé devant son cheval mort, dimanche après-midi. « Voir si on a besoin de ça », a-t-il maugréé. L'incident risque en effet d'apporter de l'eau au moulin de l'administration de Valérie Plante, qui a annoncé la disparition des calèches à Montréal à partir de 2020.

M. Desparois compte s'adresser aux tribunaux pour faire reculer la Ville dans ce dossier. « Des chevaux, il y en a qui meurent partout. Nous, à Montréal, on les garde souvent vieux parce qu'on se fait des relations avec eux, on travaille avec eux. Il y a des cochers qui restent sur la job pour le cheval, pas pour la job. C'est des amis, des partenaires de travail », a-t-il fait valoir.

Selon la cochère Shanna Lalonde, Zeus avait « un petit restant de grippe » dimanche matin, mais rien de grave. Le gros cheval alezan avait eu droit à « presque deux semaines de vacances » pour s'en remettre.

« On travaille dans le public avec des animaux, on est habitués de soigner des animaux, a dit M. Desparois. Ça ne serait pas à notre avantage de ne pas en prendre soin. Ce ne sont pas des machines. »

En avril 2016, un rapport du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a constaté l'insalubrité de l'écurie de M. Desparois. L'entreprise a été condamnée à une amende de 600 $. Selon le rapport, les chevaux étaient forcés de se coucher dans leur crottin.

À la même époque, un cheval avait été blessé après avoir été percuté par un véhicule dans le Vieux-Montréal. L'incident avait poussé l'ancien maire Denis Coderre à imposer un moratoire sur les calèches. Un juge avait ensuite forcé le maire à reculer, décrétant qu'il n'avait pas le droit de suspendre les permis de tous les cochers.

À l'été 2015, d'anciens cochers avaient dénoncé les conditions de vie des chevaux du « King des calèches » au Journal de Montréal. Le quotidien avait alors fait état de journées de 16 heures et d'injection de puissants anti-inflammatoire aux chevaux boiteux pour les forcer à travailler malgré leurs blessures.