La Ville de Longueuil déversera une partie de ses eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent durant huit jours, à la mi-novembre, afin de procéder à la réparation d'une conduite.

Quelque 162 000 mètres cubes d'eau, soient 162 millions de litres, seront ainsi rejetés à partir de la station de pompage Lafrance, située du côté ouest du pont reliant Longueuil à l'île Charron.

« C'est une conduite mineure du réseau », a indiqué le porte-parole de la Ville Louis-Pascal Cyr, lors d'une séance d'information technique, hier.

La conduite qui doit être réparée est la plus petite des trois qui acheminent les eaux de l'agglomération de Longueuil à l'usine d'épuration située sur l'île Charron ; le volume qu'elle transporte représente 7 % du total.

Les travaux, pour lesquels « toutes les autorisations requises » ont été obtenues, notamment auprès du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), n'auront « aucun impact sur le réseau d'eau potable », a précisé M. Cyr.

Les quelque 4 700 foyers desservis par la conduite qui sera fermée seront toutefois invités à limiter leur consommation d'eau.

Le MELCC n'avait pas répondu aux questions de La Presse au moment d'écrire ces lignes.

Tous les scénarios étudiés, comme la déviation de la conduite brisée vers les deux autres, « impliquaient un rejet d'eaux usées », a affirmé Louis-Pascal Cyr, ajoutant que celui retenu présentait le moins d'impacts.

Longueuil a déjà avisé les villes environnantes, particulièrement celles dont la prise d'eau potable est située en aval sur le fleuve, mais ne s'attend pas à ce que son déversement ait un impact sur elles.

Toutefois, il faudra éviter tout contact avec l'eau du fleuve entre le point de déversement et la pointe est de l'île Grosbois. 

Moins que Montréal

L'ampleur du déversement planifié par Longueuil n'a aucune commune mesure avec celui effectué par Montréal, en novembre 2015.

La métropole avait alors déversé huit milliards de litres d'eaux usées dans le Saint-Laurent, afin de réaliser des travaux sur son réseau d'égouts.

À Longueuil, les travaux de l'ordre de 700 000 $ visent à remplacer deux sections de six mètres de la conduite après la découverte d'un bris l'été dernier, alors que la Ville préparait l'inspection de son réseau, construit en 1990.

Ce bris, causé par un « choc d'origine inconnue », fera d'ailleurs l'objet d'une investigation lors des travaux.

Diverses mesures de mitigation sont prévues : l'installation de « boudins » visant à contenir les rejets solides près du point de rejet a été prévue ; la construction d'une barrière de sédiments sur la berge pour éviter l'érosion ; ainsi que l'installation d'un « rideau de turbidité » pour limiter la répartition des matières en suspension autour de l'endroit où les plongeurs travailleront.

Les autorités longueuilloises estiment que l'automne est le meilleur moment pour réaliser ces travaux, car les poissons ne sont pas en période de reproduction, que le débit de l'eau est plus élevé et qu'il n'y a pratiquement plus d'activités nautiques sur le fleuve.

Les travaux préparatoires ont commencé cette semaine, avec l'aménagement d'une jetée.

Longueuil assurera un suivi de la qualité de l'eau avant, pendant et après les travaux, avec des tests effectués à partir de 20 points d'échantillonnage, de même que le réaménagement des berges.

Plaidoyer pour une redevance

« On apprécie les efforts de transparence de la Ville », a déclaré le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, qui assistait à la séance d'information.

Reconnaissant qu'il s'agit de « travaux urgents, nécessaires et incontournables », l'écologiste craint cependant qu'ils soient plus longs que prévu, « car l'entrepreneur est payé à taux horaire ».

Selon lui, le gouvernement devrait instaurer une « redevance à payer sur chaque mètre cube déversé » pour « inciter fortement » les municipalités à réduire les déversements d'eaux usées dans les cours d'eau.