L'hiver coûtera cher à Montréal. Alors que la métropole entreprend ce soir sa septième opération de chargement, la Ville évalue avoir déjà dépassé de plus de 20 millions son budget neige.

La Ville de Montréal entreprend ce soir sa septième opération d'enlèvement de la neige de l'hiver alors qu'une vingtaine de centimètres sont tombés sur la métropole au cours des derniers jours. Selon les données d'Environnement Canada à la station de l'aéroport Montréal-Trudeau, 10 cm de neige sont tombés mardi sur la métropole tandis qu'un autre 11 cm est tombé mercredi. «En mars, on s'attend toujours à un ou deux chargements. C'est un rituel cette tempête de la Saint-Patrick», a dit Jean-François Parenteau, élu responsable des services aux citoyens au sein de l'administration Plante.

Un refroidissement étant attendu, les températures devant descendre à -15 ces prochains jours, Montréal n'avait d'autre choix que d'enlever la neige. «Ça va finir par durcir et ça pourrait devenir problématique», a exposé M. Parenteau.

Cette dernière bordée promet de coûter cher puisqu'elle force la tenue d'une 7e opération de chargement. Or, le budget neige de 160 millions en prévoit 5.

«Cette année, on va largement dépasser les 160 millions. On était déjà plus de 20 millions au-delà du budget et là, il faut ajouter les autres opérations. C'est de plusieurs millions qu'on va dépasser le budget neige», a anticipé M. Parenteau.

La nouvelle façon de payer les entrepreneurs en déneigement, mise en place sous l'administration Coderre, pourrait expliquer en partie l'explosion de la facture. Auparavant, Montréal payait selon le nombre de centimètres de neige tombés. La Ville a toutefois changé les règles ces dernières années pour payer au volume de neige ramassée.

Cette façon de procéder qui s'annonçait prometteuse s'avère coûteuse cet hiver. En effet, normalement, les déneigeurs ne ramassent que 50 à 60% de la neige tombée au sol, le reste ayant le temps de fondre avant que la machinerie ne la ramasse. Mais cette année, les températures très froides observées dans la première moitié de l'hiver ont fait en sorte que les déneigeurs devaient ramasser 90% de la neige tombée. «Il n'y a pas eu de redoux significatif entre les tempêtes, alors on ramassait pratiquement toute la neige tombée. Et ce qui coûte cher, c'est le transport de la neige. On devait avoir des économies d'échelles parce qu'au mètre cube, si une partie fond, c'est plus intéressant. Mais quand tu la ramasses au complet, c'est moins intéressant», a dit M. Parenteau.

Signe encourageant, la présente opération devrait coûter moins cher parce que les températures clémentes en ont fait fondre une bonne partie.

Questionné à savoir si cette explosion du budget neige entraînerait une hausse de taxe, M. Parenteau a indiqué qu'il était tôt pour savoir comment ce manque à gagner sera couvert. La Ville dispose de fonds de prévoyance, comme le fonds discrétionnaire de la mairesse. Et qu'importe la facture, la Ville se devait de déneiger. «Quand il neige, on doit répondre», a indiqué M. Parenteau.

Supersouffleuses utiles

M. Parenteau a par ailleurs assuré que les 10 «supersouffleuses» louées cet hiver pour 5,3 millions ont été utiles même si le redoux du début mars a fait fondre une partie de la neige. «Oui, la neige a fondu, mais elle s'est juste écrasée. Les monticules sont moins hauts, mais toujours aussi larges. Les souffleuses permettent de dégager pour mettre plus de nouvelle neige», a indiqué l'élu. Celui-ci estime que Montréal est ainsi mieux préparée au cas où une importante tempête devait frapper la ville ces prochaines semaines. «Ce que personne ne souhaite», de souffler M. Parenteau.